Dans le rétro : les atomes crochus de Claude Parent et EDF

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Il y a cinquante ans, en avril 1974, l'architecte Claude Parent (1923-2016) présente à EDF ses premiers dessins de centrales nucléaires. Quelques mois auparavant, pour faire face au choc pétrolier, le Premier ministre Pierre Messmer a annoncé la construction de 13 unités sur le territoire national. Jean-Claude Lebreton, ingénieur chez le fournisseur d'électricité, est chargé de repérer les sites d'implantations possibles.

Après plusieurs sollicitations, Claude Parent finit par accepter de travailler avec lui, notamment pour ne pas commettre les mêmes erreurs qu'à Fessenheim. « C'était affreux, aussi moche qu'une centrale thermique ! » racontera-t-il en 2008 à la designer Magalie Rastello.

Reparti d'une page blanche, l'architecte laisse d'abord libre cours à son imagination en dessinant plusieurs modèles aux noms aussi provocateurs que lui : Temples, Orgues, Hottes ou encore Patte du tigre et Pieds de Toutankhamon… Puis, à la demande d'EDF, il se concentre sur le dialogue à trouver entre bâtiment et paysage. Comme « Le Moniteur » le détaille dans son édition datée du 24 avril 1976, « les centrales nucléaires seront constituées de grands volumes : le bâtiment du réacteur possédera une coupole de dimensions comparables à celle du Panthéon ou des Invalides ; la section transversale de la salle des machines sera du même ordre de dimensions que l'Arc de triomphe ; les réfrigérants atmosphériques à tirage naturel qui seront utilisés sur certains sites atteindront à peu près la hauteur de la tour Montparnasse, mais avec plus de corps ».

Pour Claude Parent, il est primordial que les architectes soient associés à la conception des projets dès l'origine et « non comme un petit coup d'enjolivement jeté au dernier moment sur des formes prédéfinies ». C'est pourquoi, avec Jean-Claude Lebreton, ils créent en 1975 un « collège » composé des vedettes de l'époque : Paul

Andreu, Jean Willerval, Roger Taillibert, Jean Le Couteur, Pierre Dufau, André Bourdon, Michel Homberg et Jean de Mailly (remplacé à sa mort par Jean Dubuisson). Accompagnés de paysagistes et de coloristes conseils, et aux côtés des ingénieurs d'EDF, ils implantent et façonnent au mieux ces constructions d'envergure en béton dans les paysages naturels donnés.

Land art. Le Frac Centre-Val de Loire possède une collection de croquis de Claude Parent. « Ils montrent comment l'architecte s'était fait sculpteur de site, presque à l'échelle d'un artiste de land art, puisque des millions de mètres cubes de terre ont été dégagés pour modeler les terrains », analyse Nadine Labedade, professeure agrégée en arts appliqués. Pour l'intéressé, il s'agissait de « trouver, après la construction, un état d'équilibre du lieu qui soit aussi bien ressenti et accepté que l'était le paysage préalable ».

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