Dimanche 10 août entre 23h et minuit, trois des six unités de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) se sont arrêtées automatiquement, étant dans l’incapacité de pomper suffisamment d’eau pour assurer le refroidissement des réacteurs. Au petit matin, c’est au tour de la quatrième unité de cesser de fonctionner. La cause de ces arrêts : « la présence massive et non prévisible de méduses dans les tambours filtrants des stations de pompage », explique EDF dans un communiqué.
Caractère gélatineux
Située au bord de la mer du Nord, Gravelines est la plus grande centrale nucléaire d'Europe occidentale, par son nombre de réacteurs et sa capacité de production (5,4 GW). Elle prélève de l’eau de refroidissement – 6,3 milliards de mètres cubes en 2024 – via une prise d’eau située dans l’avant-port de Dunkerque. Pour éviter l’intrusion de corps étrangers, celle-ci est protégée par des filtres en amont et équipée de prégrilles et de tambours filtrants en aval. « Les méduses ont été aspirées avec l’eau et, du fait de leur caractère gélatineux, ont passé les premiers filtres avant d’être arrêtées par les tambours filtrants », explique un porte-parole d’EDF.
Une invasion jamais vue
La quantité exceptionnelle de ces animaux aquatiques a empêché le système de les évacuer comme c’est le cas habituellement. La centrale de Gravelines n’avait, à ce jour, jamais été victime d’une telle invasion et la profondeur du canal d’amenée – plusieurs mètres – rend difficile à évaluer la quantité de méduses présentes dans l’installation. « Les équipes de la centrale sont mobilisées et procèdent actuellement aux diagnostics et interventions nécessaires pour pouvoir redémarrer les unités de production en toute sûreté », indique l’électricien.
Pas de risque de pénurie
La centrale se trouve complètement à l’arrêt, car ses deux autres unités de production, les réacteurs 1 et 5, sont en maintenance. « Il n’y a pas de risque de pénurie » pour le réseau électrique à cause de cet incident, a assuré une porte-parole d’EDF à l’AFP, car d'autres centrales nucléaires et d’autres sources d'énergie fonctionnent actuellement, comme le solaire. Les réacteurs devraient redémarrer progressivement dans les prochains jours.
Réchauffement des océans
Des réacteurs nucléaires paralysés à cause d'une invasion de méduses, c'est « assez rare », mais EDF a déjà connu ça « dans les années 1990 », a indiqué le groupe. Des cas similaires se sont déjà produits, notamment dans les années 2010, aux États-Unis, en Écosse, en Suède ou encore au Japon. La prolifération de ces animaux marins gélatineux et urticants est due à plusieurs facteurs, dont le réchauffement des océans avec celui du climat, mais aussi la surpêche, qui élimine certains de leurs prédateurs directs comme le thon.