Lancée en 1993, la politique de mutation de bureaux en logements se poursuit dans la capitale. La Ville de Paris vient ainsi de réaffecter d’anciens locaux de la Caisse primaire d’assurance-maladie à un usage résidentiel. Cette opération se situe entre la rue de Dunkerque et la rue de Rochechouart, dans le IXe arrondissement. Disposant d’une étroite façade de 8 m côté Dunkerque, le bâti se développe en cœur d’îlot sur les 70 m de profondeur de la parcelle.
Deux programmes y cohabitent : une école côté Rochechouart et, côté Dunkerque, la transformation de 10 000 m2 de bureaux en 67 logements (soit 7 500 m2 au total), sous la direction de l’architecte Eddy Vahanian. A ce programme est venue s’ajouter, dans les premiers mois du chantier, une crèche qui a trouvé sa place au rez-de-chaussée, au débouché du porche d’entrée.
L’existant est constitué, en fond de parcelle au sud, d’un bâtiment du milieu du XIXe siècle, en R 5 sur terre-plein. Il est construit sur ossature et charpente métallique avec planchers bois et façades en briques. Les corps des bâtiments principaux, en R 8, datent, quant à eux, des années 30. Leur superstructure en fer puddlé riveté, s’élève à partir de deux niveaux de sous-sol en béton. Les planchers sur solives métalliques sont constitués de hourdis, les façades de briques creuses. Enfin, un carrelage blanc de type « métro » forme le parement extérieur de l’ensemble, hormis la façade sur rue revêtue de pierre.
Grignotage de façade. En raison de la configuration du site et de la densité du bâti, le chantier s’est déroulé sans grue, ce qui impose une organisation rigoureuse : l’approvisionnement, le stockage des matériaux de construction et l’évacuation des gravats ont été effectués côté Rochechouart. « Une tour ascenseur installée en façade sur cour a assuré la distribution des plateaux en phase chantier », souligne le maître d’œuvre. La transformation de cet ensemble immobilier en logements passait par des démolitions ciblées afin d’apporter suffisamment de lumière aux appartements et de respecter les prospects imposés. Trois cours ont été créées ou agrandies en supprimant des constructions en R 1 (ailes minces reliant les corps de bâtiment ou adossées aux mitoyens) et en grignotant la façade côté cour du bâtiment le plus épais.
Ces démolitions ont mis au jour la structure métallique laissée apparente à l’extérieur et simplement recouverte d’une peinture intumescente. Les plateaux ainsi libérés ont permis le déploiement des logements dans lesquels « les poteaux et poutrelles d’acier ont été encoffrés ou masqués par des faux plafonds en raison de la réglementation incendie », explique Eddy Vahanian, « une option rendue possible par les hauteurs sous plafond confortables dont nous disposions ». Afin d’être adapté aux normes de surcharge, l’immeuble en fond de parcelle a dû être entièrement refondé sur micropieux, d’autant qu’il a été surélevé d’un niveau à l’aide d’un plancher en béton armé sur bacs collaborants.
Les façades, restaurées à l’identique, ont été complétées pour certaines parties par des modules de 80 x 180 cm en matériau composite (poussière de marbre et métacrylate). Les baies, restées dans leur dimensionnement d’origine, sont désormais équipées de menuiseries en aluminium thermolaqué. Toutes les circulations verticales ont été maintenues en place et rénovées. La courette du bloc épais, à présent couverte, est affectée à la desserte des appartements.




