La crise au sujet des OGM a ravivé les inquiétudes des participants au Grenelle de l'environnement et, en premier lieu, les professionnels des énergies renouvelables qui craignent de faire les frais de mesures d'économies du gouvernement. Pourtant, selon une version quasi définitive du texte de loi sur le Grenelle que s'est procuré le quotidien "Les Echos", le projet reste ambitieux et le secteur du bâtiment s'en sortirait assez bien.
Ce texte dont le quotidien détaille les grandes lignes dans son édition de vendredi a été transmis à Nicolas Sarkozy et François Fillon pour les derniers arbitrages. Sans attendre ces derniers, le syndicat des énergies renouvelables (SER) a chiffré à 3 milliards d'euros par an en 2020 le coût du plan sa partie "énergies vertes". Il permettrait d'éviter des émissions de 66 millions de tonnes de CO2, principal gaz à effet de serre jugé responsable du changement climatique, a fait valoir André Antolini, le président du SER, devant la presse. En outre, il permettrait de générer 4 milliards d'euros de recettes fiscales collectives avec la création nette de 120.000 emplois dans le secteur, a-t-il assuré.
Jamais à court d'argument, le bouillonnant président du SER explique que ce plan "se traduirait par des gains en pouvoir d'achat pour les ménages, grâce aux économies d'énergie, d'environ 6 milliards d'euros, compte tenu de l'augmentation prévisible des tarifs de l'électricité, du gaz et du fuel".
"Le développement des énergies renouvelables ne coûte pas cher, entraîne des gains en recettes fiscales, en dépenses évitées - chômage et charges sociales - et des gains en pouvoir d'achat pour les ménages", a-t-il estimé.
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) "a fait un chiffrage très proche du nôtre", a-t-il ajouté, mais il s'est inquiété que le ministère des Finances n'ait pas encore présenté le sien. "On ne voit toujours pas sortir de chiffrage de Bercy et ça nous inquiète", a-t-il dit, rappelant que la loi sur le Grenelle de l'environnement doit être présentée très prochainement au Conseil économique et social.
"Ils n'ont peut-être pas la même vision", a-t-il ajouté, craignant notamment que Bercy ne tienne pas compte des hausses des prix du gaz et du pétrole et ne prenne pas en considération les gains de pouvoir d'achat générés par les économies d'énergie obtenues.
André Antolini s'est également inquiété de la "bataille" qui aura lieu au Parlement lors du passage de la loi en juin, craignant notamment que "certains parlementaires recommencent à attaquer l'éolien" qui devrait représenter 4 millions de tep sur les 20 millions de tep d'énergies renouvelables en 2020.
Pour le secteur du bâtiment aussi des craintes existent, notamment en raison du montant de la facture : 24 milliards d'euros, rien que pour la seule rénovation de thermique des bâtiments de l'Etat et de ses établissements publics ! Globalement les professionnels sont confiants. Ils comptent notamment sur des crédits d'impôts qui permettraient de financer la rénovation de quelques 400.000 logements privés par an. Le quotidien économique évoque aussi la création d'un prêt à taux zéro pour les particuliers qui feraient des travaux et un effort supplémentaire sur le financement de la rénovation thermique des logements sociaux (de 137 millions d'euros à 338 millions d'ici à 2015).
Si Jean-Louis Borloo se montre optimiste malgré l'ampleur du coût global de son projet, la majorité est inquiète. "Il y a un certain nombre de dispositions dont je ne vois pas comment elles peuvent être financées" a déjà prévenu le sénateur Gérard Longuet. Les débats s'annoncent donc particulièrement tendus et nul doute que Nathalie Kosciusko-Morizet ne restera pas sans voix.
J-Ph Defawe