Covoiturage : la loi Serm donne des ailes aux lignes d’Ecov

Inventeur du concept de ligne de covoiturage, Ecov voit dans les Services express régionaux métropolitains un pilier de sa croissance à venir. L’opérateur associe technologies numériques et infrastructures physiques, pour rendre ses prestations efficaces et visibles.

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Station Ecov
Les lignes d'Evo reposent sur le mariage des infrastructures physique et numérique.

La loi du bon mode au bon endroit donne toute sa place au covoiturage, selon la règle de trois chère au patron d’Ecov : « Le RER quand le nombre de passagers se chiffre à plusieurs centaines toutes les 10 mn ; le car Express pour 30 à 50 voyageurs ; la voiture pour 3 à 5 », détaille Thomas Matagne, président et fondateur de l’opérateur de transport public routier par automobile.

Convergence multimodale

Sans surprise, ce dernier accueille avec enthousiasme la loi sur les Services express régionaux métropolitains définitivement adoptée le 18 décembre par le Sénat : parfaitement en phase avec l’approche d’Ecov, le texte enrichi par la Chambre haute insère le mode ferroviaire dans un système multimodal.

Cette convergence n’allait pas de soi à l’issue de la première lecture par l’Assemblée nationale, au point que l’opérateur s’en était inquiété : « Telle qu’envisagée actuellement, la proposition laissera de très nombreux territoires sur le bord du chemin, et la plupart des Français ne verront pas leur quotidien changer », alertait Thomas Matagne, dans un communiqué du 18 octobre, quelques jours avant le premier examen du texte par le Sénat.

Aux franges des métropoles

La version finale lève ses réserves et offre à Ecov l’occasion de déployer sa contribution à une vision globale du transport public : « De même qu’il n’y a pas de voie de chemin de fer sans gare, je n’imagine pas de ligne de covoiturage sans entrée et sortie », insiste le président fondateur.

Par rapport à ses concurrents 100 % numériques, Ecov situe son avantage dans le statut qu’il donne aux infrastructures associées à ses lignes.

A un an de son dixième anniversaire, l’opérateur basé à Nantes exploite 55 lignes avec une centaine de salariés. Passé avec le syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise, son plus important contrat illustre son positionnement : apporter le maillon manquant des transports publics, aux confins des métropoles, dans le cadre de marchés d’exploitation ou de délégations de service public commandés par des intercommunalités. Les aires urbaines de Rouen, Reims, Rennes ou Lyon font partie des territoires où s’organise la coordination entre ville centre et périphérie, pour les lignes exploitées par Ecov.

Nouvelles frontières

Un an après le lancement du plan France Covoiturage, la consolidation de l’acquis domine l’exercice en voie d’achèvement. Forte d’un actionnariat qui comprend la Caisse des dépôts, Ademe Investissement, la Maif et BNP Paribas, l’entreprise n’a pas encore franchi le seuil de la rentabilité. L’optimisme du fondateur repose sur une efficacité démontrée par les temps d’attente à ses stations : moins de 4 mn en moyenne, et moins de 10 mn pour 97 % des clients.

« Les Serm révèlent le besoin de dépasser les frontières historiques des autorités organisatrices, pour raisonner en bassins de mobilités », développe Thomas Matagne. L’élargissement géographique du transport public pousse Ecov dans les études menées par des syndicats mixtes pionniers de cette mutation géographique : l’opérateur explore les périmètres des hubs de car express et de covoiturage, pour Nouvelle-Aquitaine Mobilités et pour Hauts-de-France Mobilités.

Le défi du trapèze

Dans les trois ans à venir, l’opérateur espère que sa signature se lira dans les radiales périurbaines à deux fois trois voies qui amènent ses clients ruraux aux portes des métropoles.

Lauréates en novembre d’un appel à projets du programme France 2030, les futures « voies réservées intelligentes » associeront l’exploitant de covoiturage à un échantillon prestigieux de l’ingénierie routière et numérique nationale : le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), Vinci et Nokia Bell Labs, réunis dans un consortium baptisé Trapèze.

Les partenaires veulent mettre fin aux voies réservées inutilisées, grâce à des autorisations d’accès ouvertes en temps réel aux conducteurs de lignes de co-voiturage, y compris lorsqu’ils n’auraient pas trouvé de passagers. Ces nouveaux utilisateurs bénéficieraient d’une régulation personnalisée de leur vitesse, pour garantir leur temps de parcours.

A la frontière du numérique et du physique, Trapèze converge avec les Serm pour apporter de l’eau au moulin d’Ecov : « Le système routier se réinvente autour des notions d’efficacité et de  sobriété », conclut son président.

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