«Plus féminin, plus accueillant, plus rond» : selon Nicolas Giboulet, directeur régional de la foncière Fongaly, filiale de Cora, les formes courbes de sa nouvelle enveloppe donnent à l’hypermarché de Mundolsheim une arme de séduction décisive pour résister au déferlement de l’e-commerce. Le pari architectural de l’enseigne s’est exprimé dans l’organisation d’un concours d’architecture qui a mis en compétition sept agences pendant six mois.

Le projet d’Outsign rompt avec la forme parallélépipédique et avec la monotonie des couleurs et des matériaux de l’ancienne boîte métallique, ouverte en 1970 et agrandie en 1983. Le maître d’ouvrage assume un choix typé: «Le parcours client tourné vers l’intérieur s’oppose aux Retail parks. Il n’existe pas de modèle intermédiaire», analyse Nocolas Giboulet. Le projet n’en remodèle pas moins les abords, par un tour de force foncier: sur une surface inchangée, le nombre de stationnements passe de 900 à 1350, malgré l’introduction d’un arbre pour quatre places.
Matériaux nobles
«Reflet des ondulations des Vosges et de la Forêt-Noire» selon Franck Ahler, architecte à l'agence Outsign, les 10 000 m2 de la toiture en forme de vague annoncent l’arc de cercle de la nouvelle galerie commerciale. Sur un soubassement en grès des Vosges agrafé, le bardage bois s’interrompt trois fois, pour laisser la place aux sas d’entrée vitrés, ouverts sur des parvis et égayés par les panneaux de zinc patiné. Egalement utilisé en toiture, ce matériau évoque la couverture vert-de-gris de la cathédrale de Strasbourg. Passés les sas, le soleil du matin irrigue la galerie par la toiture, sur un sol où le carrelage de grès gris alterne avec un parquet de chêne huilé.
A cette extension spectaculaire, le chantier de 20 millions d’euros ajoute la refonte de l’existant: l’hypermarché abandonne le meuble et le bricolage, pour se concentrer sur l’alimentaire. La restructuration a nécessité la démolition de la mezzanine autrefois occupée par les services administratifs. Les travaux de nuit nécessités par ces interventions contribuent à expliquer la longue durée du chantier qui mobilise 70 entreprises pour un total de 125 000 heures, sous la conduite de Gam Ingénierie, maître d’œuvre d’exécution. Parmi les lots les plus visibles, figure ceux de PM Maître (charpente métallique), Galopin (couverture, bardage) et Trabet (parking). Au passage, Cora réduit son empreinte écologique: la centrale de froid s’alimente à l’eau glacée, au lieu du gaz.
50 enseignes
«En 2009, la commission départementale d’aménagement commercial nous avait autorisés à étendre la surface de l’hypermarché. L’évolution des modes de consommation a conduit à abandonner cette hypothèse, et à nous concentrer sur la galerie marchande», commente Charles Spenlinhauer, directeur du magasin. Au lieu de cinq boutiques sur 383 m2, le centre commercial accueillera 50 enseignes tirées par deux moyennes surfaces et dominées par l’habillement. Six restaurants contribueront au choc de confort et de diversité. De fin mai à fin septembre, l’agencement des cellules ouvrira de nouveaux chantiers totalisant quelque 10 millions d’euros.
Suite à ces investissements, le maître d’ouvrage espère une fréquentation annuelle de cinq millions de consommateurs au lieu de trois. Ce boom coïnciderait avec une transformation urbaine de l’ensemble du secteur: une zone d’aménagement concerté portée par la communauté urbaine de Strasbourg doit amener des îlots d’habitation dans un quartier que devraient irriguer une ligne de transport en commun en site propre et un réseau de pistes cyclables.