Les équipes de Setec TPI (mandataire), Alain Spielmann (architecte), Samuel Craquelin (paysagiste) et Bouygues Travaux publics avaient démarré la réalisation de 3,2 kilomètres de contournement pour un investissement de 32 millions d’euros HT pour relier la RD703 à la RD49. Deux ouvrages d’art pour franchir la Dordogne et un pont-rail sous la voie ferrée Bergerac-Sarlat, en partie commencés, étaient également prévus. « Si ça s’arrête, que fait-on ? On détruit les ouvrages ? On maintient en l’état ? », s’interroge Marc Bécret, directeur général administratif des territoires et du développement du conseil départemental de la Dordogne. (La collectivité locale a indiqué le vendredi 11 janvier 2019, par voie de communiqué de presse que les «tabliers seront réceptionnés et entreposés en Dordogne, sur des terrains appartenant au département»). Cet aménagement a toujours été dénoncé par des opposants qui avaient constitué une zone à défendre.

L’équipe de maîtrise d’œuvre a prévu les franchissements parallèles au pont de la SNCF pour minimiser l’impact sur le paysage. © Alain Spielmann Architecte
Arrêt à un moment critique
Les travaux se sont arrêtés à l’occasion des vacances de fin d’année et n’ont pas repris début janvier. « Le chantier doit être sécurisé et surveillé », précise Marc Bécret. Le département regrette cet arrêt brutal au plus mauvais moment : « Une partie de l’opération est réalisée et nous allions attaquer la mise en place des mesures compensatoires – achat d’une falaise pour recréer un habitat destiné aux chauves-souris et la restauration d’un bras mort de la Dordogne - il est dommageable d’arrêter le chantier à ce niveau d’avancement. » Dommageable pour l’environnement notamment, point également souligné par le Conseil d’Etat dans son arrêt pour justifier l’ajournement du chantier. « Cette décision a été prise sur la base de documents qui datent d’avril dernier, précise Marc Bécret, nous allons apporter d’ici début février des éléments complémentaires pour mettre en avant l’intérêt majeur avéré. » A savoir le désengorgement de Beynac, dont la route principale est saturée l’été, et le problème de sécurité sur cette voie, lié à la fragilité des falaises. Le département espère avoir la décision du tribunal d’ici l’été. Avec inquiétude, tout de même.

L’arrêt du Conseil d’Etat du 28 décembre a suspendu les travaux du contournement de Beynac-et-Cazenac. © O.D.
Insécurité juridique pour les maîtres d’ouvrage
« Il y a peu de jurisprudence sur l’intérêt public majeur, ça va être déterminant pour les maîtres d’ouvrage. » Et la procédure risque d’être longue : « Si on gagne, les opposants feront appel et si on perd, nous ferons appel… Notre déclaration d’utilité publique date du 26 décembre 2001 et elle n’a été validée par le Conseil d’Etat qu’en 2010… Si l’on attend que tous les recours soient purgés, on ne fait jamais rien : cela va créer une insécurité juridique pour les maîtres d’ouvrage. Nous avions toutes les autorisations… » Il pointe également le coût de cet arrêt pour la collectivité et les entreprises qui sont aujourd’hui sans activité. « L’impact sur les entreprises locales est important, reconnaît Nicolas Favier, chef de service travaux chez Bouygues TP Sud-Ouest, nous avions notamment réservé les centrales à béton d’une entreprise locale ; les autres n’ont pas forcément d’autres clients pour compenser. » Il cite notamment le cas d’une entreprise périgourdine co-traitante dont les pertes s’élèvent à 2,5 millions d’euros.
Conseil d'Etat, 28 décembre 2018, n° 419918