A Beynac (Dordogne), le projet de contournement ne fait pas l’unanimité. Dans cette petite commune connue pour son château fort du XIIe siècle, le conseil départemental souhaite construire une déviation routière de 3,2 km et deux ponts pour résorber les bouchons qui paralysent le centre-ville durant la saison estivale. Mais ce projet cristallise depuis des années l’opposition des défenseurs de l’environnement comme ceux du patrimoine.
Au point de provoquer la colère de Stéphane Bern, qui a tweeté contre le projet, traitant Germinal Peiro, président PS du conseil départemental, de « Ceauscecu de la Dordogne » et « d’amoureux du béton ». « Les projets se décident dans les assemblées élus et pas sur les plateaux de télévision », a rétorqué l’élu. L’argument n’a pas convaincu Yann-Arthus-Bertrand et Noël Mamère, qui s’opposent eux aussi à cette future route qui traversera une vallée d’exception, comptant cinq châteaux.
Un sanctuaire gallo-romain endommagé
En septembre, la colère est encore montée d’un cran lorsque les bulldozers ont endommagé un grand bassin d’un sanctuaire gallo-romain vieux de plus de 2 000 ans. Depuis une semaine, un homme de 32 ans s’est installé en haut du grue à une dizaine de mètres du sol pour manifester sa désapprobation. Il en est descendu ce jeudi 22 novembre.
La route prévue, déclarée d’utilité publique en 2001, doit passer à environ 150 mètres du château classé de Feyrac (XVe/XVIe siècles) et non loin de ceux de Marqueyssac et des Milandes, dernière demeure de la chanteuse Joséphine Baker. Coincée contre la falaise, la ville de Beynac est « un goulet d’étranglement » qui pose des problèmes de « fluidité de trafic, de sécurité et d’environnement », explique Germinal Peiro, déterminé à mener à bien son projet de contournement, dont la mise en service est prévue pour le printemps 2020.
« En 2017, nous avons fait des travaux pour élargir la route et le trottoir, désormais, au niveau de la circulation, deux poids lourds se croisent, il n’y a plus de blocages, seulement des ralentissements », rétorque Alain Passerieux, le maire de Beynac pour qui une telle déviation est devenue « inutile ».
Des recours déposés
Michel André, le président de la société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso) de la Dordogne juge ce projet « personnel, onéreux et obsolète », pour un département déjà très endetté.
Photos à l’appui, Germinal Peiro tente de prouver que ces aménagements n’ont pas réussi à régler le problème du trafic, « deux camions ne peuvent toujours pas se croiser ce qui est inacceptable lors de la période estivale », a déclaré l’élu.
Le collectif « Sauvons la vallée de la Dordogne » a lancé plusieurs recours devant le tribunal administratif de Bordeaux, demandant la suspension de l’arrêté préfectoral de janvier autorisant les travaux. Deux recours ont été jugés recevables par le Conseil d’Etat.