Construction responsable : tour d’Europe des bonnes pratiques

Du nord au sud et de l’est à l’ouest, le développement durable en architecture ne se conjugue pas à l’identique en France, en Suisse, en Espagne ou au Danemark. Le feuilleton de l’été du « Moniteur » s’intéresse à la manière qu’ont neuf pays européens de mettre en pratique les exigences environnementales appliquées à la construction.

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En avril, le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) annonçait aux côtés de son homologue britannique, le Building Research Establishment (BRE), la création avec d’autres partenaires européens et internationaux de la Sustainable Building Alliance (SBA). Objectif : « Faire converger les méthodes d’évaluation de la qualité environnementale des bâtiments ». Si le CSTB, (dont la filiale CertiVéA délivre la certification « NF Démarche HQE » aux bâtiments tertiaires) et le BRE (qui porte la certification « Building Research Establishment Environmental Assessment Method » ou Breeam) annoncent ce rapprochement, c’est que le paysage de la « labellisation environnementale » – au sens large – des constructions, est des plus disparate en Europe...

A l’heure actuelle, les systèmes d’évaluation varient selon les pays. Et en l’absence de principes, d’indicateurs et de méthodes comparables, l’ensemble se révèle ardu à décrypter. Il faut se rendre à l’évidence : le sigle HQE ne dit rien aux Anglais, aux Norvégiens ou aux Italiens, etc. Pour schématiser, on distinguera les référentiels de certifications environnementales du type HQE (France), Breeam (Grande-Bretagne), voire « Leadership in Energy and Environmental Design » (Leed, Etats-Unis et Canada), des différents labels volontaires de performance énergétique (Minergie, Minergie France, Effinergie, Passiv Haus, etc.).

«Le rapprochement BRE/CSTB changera la donne, pronostiquent Marika Frenette et Bettina Horsch, consultantes en bâtiments environnementaux. Les majors anglo-saxons de l’immobilier tertiaire connaissent bien la valeur ajoutée de la labellisation pour la vente ou la location. »

Bref, contexte touffu en Europe où cohabitent également pléthore d’étiquetages pour inscrire tout ou partie d’une opération dans une démarche de développement durable : Ecoquantum (Pays-Bas), Ecoeffect (Suède), Beat (Danemark), Ecobuild (Norvège), SB Tool et Verde (Italie), Klimaaktivhaus (Autriche), mais aussi et encore Leed (Espagne, Grèce), etc.

Label unique « à points » ?

Si la consommation énergétique du bâtiment achevé est aujourd’hui de première importance, elle tend à occulter d’autres aspects. « L’énergie touche directement au porte-monnaie tandis que la santé est prise en charge par la société...», déplorent Marika Frenette et Bettina Horsch. Or, parler de construction responsable c’est prendre en compte tout l’impact écologique, depuis la construction jusqu’à l’utilisation et à la fin de vie. Ce qui vient souligner l’insuffisance en France de bases de données exhaustives et utilisables par les praticiens, sur l’analyse du cycle de vie (ACV) des matériaux, la quantité d’énergie grise incorporée, leurs caractéristiques sanitaires, etc. Toutes informations disponibles en Suisse, Autriche, Angleterre, etc. D’où la proposition formulée l’an passé par l’architecte Françoise-Hélène Jourda, inlassable zélatrice d’une architecture responsable, de mettre en place un unique label « Développement durable de la construction » (DDC) en lieu et place de la multitude existante. Celui-ci intégrerait tous les aspects du développement durable : choix du site et du programme, maintenance et déconstruction, flexibilité et réversibilité des usages, matériaux issus de ressources renouvelables et de bonne cotation ACV, recyclage, gestion de l’eau et qualité sanitaire et, bien évidemment, consommation d’énergie primaire. Ce label « à points », modulé en fonction des régions climatiques et des programmes, verrait également son système de cotation révisé périodiquement. Il pourrait devenir à terme l’unique label de référence européen, mais la marche semble encore longue avant de « faire du développement durable une réalité habitée », pour reprendre l’heureuse expression de Françoise-Hélène Jourda. Rien n’interdit cependant de s’inspirer des pratiques de nos voisins : ce feuilleton vous y invite.

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