Construction Eiffage veut se développer en Europe

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Eiffage a inauguré le 15 juillet un nouveau tronçon de l'autoroute Norscut qu'elle réalise au nord du Portugal. De 35,7 km, il relie Pedras Salgadas à Chaves, près de la frontière espagnole. Il ne reste plus désormais qu'une trentaine de kilomètres à terminer, sur les 157 prévus : 11 seront livrés à la fin de l'année et 18 en juin 2007. A la demande des autorités portugaises, qui voulaient protéger 25 loups, le dernier tronçon a fait l'objet d'une modification de tracé se traduisant, entre autres, par la construction du viaduc de Vila Pouca, de 1 348 m de long pour franchir une vallée au-dessus d'une rivière, le Corgo, et d'une route. La prise en charge du surcoût induit par cette modification, dont le montant n'est pas précisé, est en cours de négociation avec le Portugal.

Norscut, qui bénéficie largement de financements européens, est un des éléments du plan routier portugais s'étalant entre 1998 et 2008, visant à désenclaver des régions peu peuplées. La concession est à péage virtuel, c'est-à-dire que l'autorité publique se substitue à l'utilisateur pour régler le péage (« Le Moniteur » du 5 août 2005, pp. 36 à 39). Mais le gouvernement portugais va relancer incessamment son programme autoroutier, sans doute en revenant au péage réel. Eiffage a l'intention de répondre au moins à un des quatre projets prévus.

700 millions en trois ans. Implanté depuis 1936 (via Fougerolles) au Portugal, le major français est présent aussi en tant que promoteur de centres commerciaux (200 000 m2 de plancher dans la banlieue de Porto et 130 000 m2 dans le Grand Lisbonne) et via des carrières. Comme dans le reste de l'Europe, il entend approfondir ses positions dans ce pays en prenant la majorité de PME locales, à l'image de ce qu'il fait en Espagne où il emploie déjà 3 000 personnes et réalise 400 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Parmi les pays ciblés, Benoît Heitz, directeur opérationnel d'Eiffage, désigne l'Espagne, le Benelux, l'Allemagne et tous les anciens pays du bloc de l'Est, aujourd'hui dans l'Union européenne, comme la Hongrie ou la Tchéquie. « Nous avons visé l'augmentation de 700 millions de notre chiffre d'affaires en trois ans par des opérations de croissance externe sur toute l'Europe, hors France », explique-t-il avant d'écarter fermement, une nouvelle fois, de retourner aux Etats-Unis, comme le préconise Sacyr. Il refuse également une diversification dans l'eau, également proposée par son actionnaire espagnol : « On ne s'improvise pas dans un métier qu'on ne connaît pas », affirme-t-il.

La consolidation d'un actionnariat ami (salariés et investisseurs institutionnels) permettrait de mettre l'entreprise hors de portée de Sacyr. Mais Benoît Heitz ne cache pas qu'une opération externe de la taille d'Amec Spie - raflé récemment par le fonds d'investissement PAI Partners - serait également la bienvenue. Elle permettrait au groupe de grossir significativement pour atteindre les 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires (10,5 milliards prévus cette année).

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