Connectique : comment simplifier le « produit gaz » ?

Pour développer de nouvelles techniques de distribution du gaz en France, nous nous sommes appuyés sur un projet européen, Digbuild, qui agit pour le développement de nouvelles techniques de distribution du gaz dans les bâtiments », explique Stéphane Rossato, ingénieur au BNG, le Bureau de Normalisation du Gaz*. « Ce projet mettait à l’ordre du jour trois nouveaux produits : les kits PLT ou tuyaux pliables en acier inoxydable, les tubes en polyéthylène (PE) et les tubes PEX (un sandwich d’une couche d’aluminium et de deux de polyéthylène).

Ces deux derniers projets n’ont pas été retenus par la France, qui les a même interdits strictement car ces tuyaux n’ont pas une résistance au feu suffisante. Nous avons donc conservé les kits PLT, les tuyaux pliables, et développé un nouveau cahier des charges dans la distribution du gaz avec des innovations visant la connectique, telles que les raccords à sertir en cuivre pour les canalisations rigides.

Ces nouveaux produits constituent en fait des compléments aux produits existants ».

Le sertissage : une technique complémentaire

En ce qui concerne les raccords à sertir, la mise en application obligatoire a vu le jour par un arrêté en octobre 2006 et la conformité des produits mis sur le marché a été donnée par la marque ATG. Les textes ont été publiés au Journal officiel. Le dispositif existe donc et il ne reste à ce jour qu’à mettre en place les règles de certification par Certigaz pour leur mise sur le marché. Ce qui devrait être fait à la fin 2007.

« Pour établir un cahier des charges, nous avons travaillé avec cinq principaux fournisseurs : Viega, Mapress, IBP, Sahna et Comap », précise Stéphane Rossato. « Ce cahier des charges est constitué de trois parties. La première partie traite des performances techniques des raccords à sertir, la seconde des essais de performances, et la troisième porte sur les règles de mise en œuvre. Cette dernière partie sera intégrée lors de la prochaine révision du NF DTU 61.1 récemment révisé. En termes d’application, on estime que ces raccords à sertir vont dans un premier temps concerner les colonnes montantes pour se destiner ensuite à l’aval du compteur. » Il semble que le cahier des charges concernant les raccords à sertir ait davantage été conduit à la demande d’un fournisseur étranger, Viega. Celui-ci, surtout désireux de faire baisser le coût des raccords (traditionnellement en acier en Allemagne) a été largement suivi par Comap, le leader du raccord en cuivre, aujourd’hui dans le giron du groupe hollandais, Aalberts. « En France, la problématique est cependant différente, et le brasage a fait ses preuves depuis longtemps, poursuit Stéphane Rossato. Le sertissage est une technique de distribution gaz complémentaire et la valeur ajoutée des raccords en cuivre sertis reste à démontrer sur l’aval du compteur, puisque l’on travaille de façon traditionnelle avec le cuivre, qui est le matériau le plus couramment utilisé, de même que son corollaire le brasage qui est en outre plus répandu que le sertissage et sous contrôle. Il faut noter par ailleurs qu’il n’y a pas de produit acier de sertissage autorisé en distribution intérieure de gaz. En effet, le sertissage demande deux points d’étanchéité en plus, avec un joint : atteindre le même niveau de performances que le brasage reste difficile. »

Stéphane Berthat, responsable marketing chez Banides et Debeaurain, se montre également plus réservé sur le sertissage : « Nous sommes dans un secteur dont l’évolution est extrêmement lente car elle est contrainte par un encadrement normatif lourd en raison d’objectif de sécurité exigeant et fort puisque nous traitons avec du gaz, substance à manipuler avec précaution. S’il est vrai que les principales nouveautés en matière de connectique sont les raccords à sertir, autorisés depuis octobre 2006, aucun fabricant français n’y répond aujourd’hui car il faut réaliser de nombreux essais très coûteux. Des négociations sont d’ailleurs en cours avec Certigaz pour tenter de rendre ce cahier des charges plus simple et plus concret. La France est peu enthousiaste sur les raccords à sertir car on peut avoir des doutes sur la durabilité des joints nécessaires à l’étanchéité. Or, avec le gaz on n’a pas droit à la fuite. Nous avons aussi des doutes sur la validation d’un bon sertissage lui-même. Enfin, se pose aussi la question de la lourdeur sur le chantier : quand on utilise une canalisation en cuivre, on emploie le même raccord à souder pour le gaz et pour l’eau. Avec le sertissage, l’installateur devra avoir sur le chantier deux types de raccords : l’un pour l’eau, l’autre pour le gaz. » Pascal Lemaire, Directeur de la société Cléré, filiale à 100 % de Gürtner Distribution, enfonce le clou : « Le sertissage constitue un danger de confusion auprès des professionnels : on risque de l’eau dans le gaz ».

Bien évidemment, Frank Martin, responsable du département gaz chez Comap ne partage pas cette opinion. « En distribution intérieure, l’acier est de moins en moins utilisé, les matières plastiques sont interdites et le cuivre est très prégnant. Comap a développé depuis plus de 6 ans le sertissage en chauffage avec le SudoPress Gaz, qui est développé en Allemagne depuis plus de 10 ans. Aujourd’hui on complète en France la gamme que l’on vend déjà en Allemagne, en Italie et en Espagne et nous sommes en phase de validation des certifications produits pour une commercialisation début 2008. Certes, cette technique nécessite l’investissement dans une machine à sertir, mais elle fait gagner de 30 à 40 % de temps sur le chantier, ce qui rend l’amortissement très rapide. En outre, le chauffagiste n’a plus pas à transporter, ni à acheter, les brasures et les bouteilles de gaz. Le sertissage gaz devrait d’ailleurs donner un coup de booster au sertissage cuivre en chauffage. A titre d’exemple, les installateurs hollandais ont l’autorisation, pour une installation gaz, de sertir du gaz sur du tube multicouche aluminium – et d’ici la fin de l’année, les installateurs allemands –, et PER. En France, on en est encore loin. Même si depuis 3 à 4 ans l’installateur ne sait plus vraiment où donner de la tête vis-à-vis des nouveaux systèmes de connectique, il doit savoir qu’il n’y a aucun problème de sécurité avec le sertissage, surtout avec notre système Visu-Control. En un coup d’œil, l’installateur valide le sertissage complet de son installation… ».

Les kits PLT : de gros atouts

Toujours dans le but d’apporter de la souplesse au produit gaz, mais moins révolutionnaire que le précédent, le kit PLT est un tube inox annelé pliable semi-rigide. Le cahier des charges en a été établi par anticipation au projet de norme PR EN 15-266 qui les concerne. Ce kit comprend un tuyau pliable en acier inoxydable (des ondes parallèles en acier inox sont recouvertes d’une gaine PVC). Il est léger, offre une mise en forme aisée, et est vendu en couronne. Ce qui présente l’intérêt d’un minium de points d’étanchéité (on le déroule et on le coupe avec un simple coupe-tube). En outre, il n’est plus nécessaire de braser ou de souder ou encore d’un quelconque outil spécifique comme avec le sertissage A ce tuyau s’ajoute la nourrice, qui distribue de 4 à 6 dérives vers les pièces, les raccords, les tés et les supports… On trouve ces kits en aval du compteur. Pour Stéphane Berthat, responsable marketing chez Banides et Debeaurain, seul représentant du PLT en France « on ne peut pas vraiment parler de pieuvre gaz. Cependant, nous essayons d’innover dans ce sens et, pour notre part, nous essayons de faire agréer le PLT depuis 6 ans, alors que les produits sont non seulement prêts mais déjà en situation dans des immeubles collectifs d’habitation. Le PLT est beaucoup plus cher au mètre linéaire mais il se pose en trois fois moins de temps. Les essais faits sur des colonnes montantes mènent à un coût total largement inférieur ». « Ce produit ne devrait poser aucun problème auprès des pavillonneurs, indique pour sa part Pascale Lemaire, mais du côté des plombiers-chauffagistes, la pénétration risque d’être beaucoup plus délicate ».

« Le cahier des charges en a été validé et approuvé par le Ministère de l’Industrie le 29 mai 2007 et l’on procède de la même façon que pour les raccords à sertir, avec un arrêté et une preuve de conformité par le biais de la marque ATG », indique Stéphane Rossato. La mise en application devrait se faire fin 2007.

Les fournisseurs potentiels sont ici la marque Vesta Gaz du français FSG, puis Tracpipe de l’américain OmégaFlex (avec lequel travaillent Banides et Debeaurain en exclusivité) : ce sont les deux plus importants, qui seront sans doute suivis de quelques autres. Ce produit existe en effet depuis 20 ans aux USA et au Japon où il convient pour supporter les séismes car il absorbe les vibrations, ce qui n’est pas le cas des tubes rigides.

Dès ce mois de septembre, Gazinox propose aussi un tuyau à mettre en œuvre entre le compteur et la robinetterie gaz de cuisine : le CSST, tube souple inox qui va remplacer le tube cuivre sans soudure. « Ceci se rapproche sensiblement du système pieuvre déjà existant en hydraulique, mais avec moins de points desservis que pour l’eau puisqu’il y en existe moins pour le gaz dans un logement, explique Thibault Lanxade. Cependant, le montage est analogue, très rapide et avec des raccords mécaniques qui permettent de joindre les deux embouts. Nous sommes là en attente d’une norme européenne qui devrait aboutir d’ici six mois à un an. Nous sommes d’ailleurs sur le point d’avoir une dérogation afin de pouvoir aboutir concrètement et nous serons ainsi les seuls dans un premier temps sur le marché français à proposer ce système. Une fois la norme sortie, il est évident que nous serons rejoints par de nombreux compétiteurs ».

Ce système présentera une vraie révolution puisqu’il permet de réduire de 30 % le coût global d’installation : il est très simple à mettre en œuvre et sans outillage particulier. « Son intérêt s’exprime sur le chantier et une délégation possible entre corps d’état, estime Thibault Lanxade : le plombier pourra se contenter de venir deux fois, en début et fin de son intervention, et déléguera au plâtrier tirera le tuyau comme un câble électrique. » Ce changement de vie sur le chantier est considéré comme une véritable bouffée d’oxygène sur le marché du gaz. C’est une installation moins lourde sur le plan financier, qui aura un pouvoir de séduction beaucoup plus important pour convaincre les usagers de passer au gaz.

« Le CSST et le PLT sont les mêmes produits, indique de son côté Stéphane Berthat, seul le produit Tracpipe que commercialise Banides et Debeaurain en France est déjà utilisé en Europe et a déjà été installé dans des installations pilotes en France avec Gaz de France ».

Le plug and play : voici la prise gaz !

Avec la prise gaz, nous abordons le domaine de Gazinox : c’est le seul fournisseur connu en France, via le constructeur et concepteur suisse BOA. « Le cahier des charges est terminé. Il a été validé par le BNG et intégré dans les règles de certification. Il fait aussi l’objet d’une marque NF et des essais en cours pour la certification devraient aboutir cet été, souligne Stéphane Rossato. Il s’agit d’une prise gaz au même titre qu’une prise électrique ; on branche simplement l’embout mâle dans une prise femelle ! La prise gaz est constituée de composants déjà existants par ailleurs. Un socle est monté en saillie et possède la partie femelle dans laquelle vient se brancher la partie mâle qui est associée à un flexible onduleux. Cette prise est, comme le PLT, facile d’emploi, très simple à utiliser et avec un haut niveau de sécurité. Gazinox a été ici moteur et l’a d’ailleurs toujours été à cet égard, indique Stéphane Rossato. « Une bonne partie de la profession doute sur ce produit mais nous avons peut-être tort à cet égard, déclare de son côté Pascal Lemaire. Nous pensons en effet que la prise murale ne peut gagner du terrain qu’avec une reconversion totale des métiers. Au travers de notre hotline technique**, il y a un énorme travail de formation auprès des installateurs hostiles à l’innovation et aux changements d’habitudes. »

« Il est vrai que ces produits sont très difficiles à normaliser, constate Stéphane Rossato. Pourtant, il s’agit vraiment de produits qui feront le marché de demain. Cette révolution est liée à une nouvelle distribution de l’énergie ! L’idée est bien de faire en sorte qu’à l’image de l’électricité, le produit gaz soit un produit familier grâce à un niveau de sécurité très élevé. Ces produits sont destinés à la construction neuve, mais nous espérons qu’ils se développeront rapidement vers le marché de la rénovation.

Un enthousiasme que modère Frank Martin : « Si les tubes pliables sont très courants au Japon, aux USA et en Grande Bretagne, voire en Italie, et que la prise gaz murale sur laquelle on clipse le flexible gaz ne pose aucun problème en Allemagne, je pense qu’aucun de ces systèmes n’est encore à l’ordre du jour en France. Ces nouveaux systèmes de tuyaux et de connectique constituent une révolution et l’on risque fort de se heurter aux habitudes des installateurs. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous intervenons au sein des Capeb et organismes de formation pour présenter et faire utiliser les nouvelles connectiques Comap. »

Les flexibles : la sécurité avant tout !

Cette famille de produits fait aussi montre d’innovations. Exemple, Robiflex, un flexible en acier inoxydable équipé d’un robinet de sécurité, d’un raccord indémontable à rotation libre et d’un bouchon avec attache, pour le raccordement des gazinières et plaques de cuisson. Distribué par Banides et Debeaurain, il présente un intérêt multiple, comme l’explique Stéphane Berthat : « Pour l’installateur il est facile à poser (c’est du tout en un) et pour les offices d’HLM c’est le produit idéal qui évite que le locataire parte avec le flexible. Les particuliers sont aussi intéressés par ce type de produits lorsqu’ils sont propriétaires bailleurs.

Chez Gazinox, on trouve son homologue, le Duo Gaz, flexible en acier inoxydable, avec un robinet serti sur le flexible qui garantit une parfaite étanchéité du gaz et qui permet au produit d’être inviolable. Il est « d’une seule pièce », dispose par ailleurs d’un embout à raccord tournant ce qui permet de déplacer la gazinière avec une sécurité absolue en évitant tout risque de torsion et de desserrage.

Gazinox entend d’ailleurs renforcer sa position de leader sur le secteur concurrentiel de la connectique gaz et conquérir de nouveaux marchés via le lancement de nouveaux produits innovants, mais aussi au travers d’opérations commerciales en partenariat avec son actionnaire majoritaire Butagaz. Le fabricant est par ailleurs en cours de signature d’un accord avec un acteur gaz naturel déjà présent sur le territoire français.

Depuis 2 ans, le fabricant a en effet fortement diversifié sa production de connectique, avec les tuyaux métalliques, les tuyaux caoutchouc, les détendeurs et les raccords. Il propose ainsi des produits créés pour les professionnels de grande cuisine et chauffage en ERP, une gamme de produits adaptés, brevetés et conformes aux normes NF gaz, tels que le Tubogaz, flexible composé d’un cœur inox souple étanche recouvert d’une tresse en inox et le Pushgaz (norme NFD 36 124). Tubogaz permet la mobilité des appareils, apporte une facilité de pose et de maintenance simplifiée, et assure des liaisons flexibles gaz en toute sécurité, qu’il soit seul ou associé à Pushgaz. Ce dernier est un coupleur à double obturation en laiton nickelé conçu pour le branchement manuel des appareils gaz professionnels. Ce système une fois couplé offre une sécurité à son utilisateur, qualité essentielle lorsque l’on travaille dans le domaine industriel ou tertiaire. En outre, tout désaccouplement provoque la fermeture automatique des clapets d’obturation afin d’éviter tout risque de fuite.

« Plus récemment, afin de répondre à l’un des points techniques importants qu’est le risque de desserrage du tuyau et, partant, le risque de fuite, nous avons lancé depuis avril 2007 une véritable innovation, explique Thibault Lanxade. Ils’agit du raccord tournant à 360°, qui équipe désormais tous les flexibles métalliques de la marque, supprimant les contraintes sur l’écrou. Ce système, appelé « Gazinox Raccord Tournant », est particulièrement intéressant pour le GPL qui exige un changement de bouteille environ 4 à 5 fois par an.