Longtemps, le sport est resté à l'orée des villes, trouvant loin des centres la surface nécessaire aux terrains de football ou de tennis. Puis la ville s'est étendue jusqu'à les encercler. La pénurie de foncier conduit, sinon à lotir ces surfaces, du moins à les rationaliser et à les civiliser. Bruno Mader est familier de ces logiques d'inclusion. A Paris, porte des Lilas (XIXe arr.), il a réalisé un ensemble de tennis superposant courts couvert et à l'air libre et, porte Pouchet (XVIIe arr.), une version extrême d'optimisation urbaine, associant une caserne de pompiers et un stade en bordure de périphérique (lire AMC n° 248, février 2016). A Boulogne-Billancourt, le contexte apparaît moins difficile. Les terrains sont ceints de deux voies. L'une, très arborée, le quai Alphonse-Le-Gallo, longe la Seine. L'autre, plus urbaine, est bordée d'immeubles ; une sorte de muraille héritée des Trente Glorieuses, tribune habitée avec vue sur le stade. Le programme comporte des activités sportives et un parking. Rugby, tennis, football et athlétisme doivent cohabiter, ces deux dernières disciplines étant réunies autour d'un même terrain.
Les écoles et le club sportif local se partagent les lieux.
Séparés ensemble
Un passage piéton a été créé pour relier les deux voies. Bien que sous la même bannière, football, rugby et tennis coexistent dans une cordiale ignorance ; le projet devant avant tout maintenir leur indépendance au sein d'un même site.
Le terrain de foot s'implante le long de la rue de Sèvres. L'annexion d'une parcelle industrielle a permis de le pivoter de 90° par rapport à son orientation initiale. Il se développe désormais en parallèle de la rue. Cette rotation a libéré la surface nécessaire à l'implantation du terrain de rugby suivant un axe perpendiculaire à la Seine, moyennant, là encore, une rotation de 90°. Rugby et football sont séparés par un bâtiment mixte vestiaires-tribunes, les gradins se tournant vers les adeptes du ballon rond, du lancer de poids et autre 110 mètres haies.
Le côté sud du terrain de rugby est fermé par les murs du club de tennis, logé dans une halle accueillant cinq courts en synthétique. Bruno Mader a tenu à ce que chacun puisse voir l'autre.
Le haut des tribunes de football est occupé par un espace comparable à une placette, dont l'un des côtés, celui donnant sur le stade de rugby, a été vitré pour protéger des vents d'hiver. A la belle saison, deux portes s'ouvrent pour rétablir la circulation de l'air et apporter un rafraîchissement naturel.
Un bandeau vitré courant tout le long du rez-de-chaussée établit une liaison visuelle entre les tennismen et les rugbymen. Une maison réservée au club de rugby, optionnelle au début du projet, a été édifiée entre la rue et le terrain dévolu à l'ovalie.
Ces multiples bâtiments sont revêtus d'un bardage vertical en mélèze, matériau marquant la transition entre la ville et un environnement plus proche de la nature. Ils contiennent les espaces sportifs et leurs espaces servants - vestiaires, bureaux, rangement, etc. - mais aussi des lieux de réunion et de rencontre, où l'on reste en contact avec le sport tout en s'immergeant dans la ville. Les terrasses procurent des vues sur l'ensemble du site, faisant de la superposition des pratiques sportives un spectacle en soi. Des dispositifs subtils isolent l'enceinte du reste de la ville. Ainsi, la barrière qui sépare le complexe sportif de l'espace public voit ses lames verticales posées à l'oblique, n'autorisant qu'une vision en biais des installations. Il faut entrer dans les bâtiments pour découvrir leur richesse spatiale. La halle de tennis est la partie la plus spectaculaire de l'ensemble. Huit portiques en lamellé-collé franchissant près de 40 m forment un vide, dont l'implantation du club-house, observatoire de trois niveaux regardant les terrains, n'entame pas l'ampleur. Préfabriqués en usine, les portiques bois sont ouverts sur un de leur côté, fonctionnant comme des sheds apportant la lumière et participant à la ventilation naturelle de la halle, une fois ouvertes les parties vitrées de la façade. Un espace sain qui respire - à l'image de ses utilisateurs - et trouve le juste équilibre entre l'effort et le repos, entre la ville et l'espace ouvert du sport.
LIEU : Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
MAÎTRISE D'OUVRAGE : ville de Boulogne-Billancourt
MAÎTRISE D'ŒUVRE : Bruno Mader, arch. mandataire. BET : Batiserf (structure), Louis Choulet (fluides), PMC Etudes (sport), Archambault (hydrologie) ; Bureau Michel Forgue, économiste ; HYL, paysagiste
PROGRAMME : restructuration de complexe sportif ; ensemble foot-athlétisme (vestiaires, club-house, bureaux, tribunes, terrain et piste) ; tennis (6 terrains, club-house, bureaux) ; rugby (club-house, vestiaires, salle de musculation, terrain) ; parking souterrain (225 places) ; accueil
SURFACE : 34 847 m2 , terrains et extérieur ; 10 480 m2 , surface bâtie
CALENDRIER : livraison, 2017
COÛT : 27,3 M€ HT












