A première vue, un simple boîtier posé sur un trépied au bord d’une tranchée. En réalité, « une solution qui vient sauver des vies », selon Dylan Taleb, cofondateur de Perception Manufacturing. Car le boîtier abrite deux caméras à 180 degrés, dont les images sont analysées en temps réel par une intelligence artificielle qui sonne l’alerte lorsqu’elle détecte une situation dangereuse. Une solution expérimentée par Cédric Rougier, conducteur de travaux chez Sogea Environnement (Vinci) à Angoulême, qui a défini avec l’entreprise trois situations à risque : le danger de collision humain-machine, la chute de personne et l’emploi d’outils non autorisés. « Si quelqu’un utilise une tronçonneuse thermique, interdite dans le groupe ou soumise à autorisation spéciale, le système la détecte et une sirène retentit », explique-t-il. Un signal sonore différent peut être configuré pour chaque type d’alerte.
Calcul de trajectoire
« L’algorithme produit une analyse fine de la situation », précise Dylan Taleb. Ainsi, « lorsqu’un chauffeur de pelle effectue une rotation tandis qu’un compagnon se déplace dans les parages, le système va calculer la trajectoire du godet et sa vitesse, expose Cédric Rougier. Et si de surcroît le compagnon regarde ailleurs, alors la sirène retentit ». L’équipe d’encadrement a accès à une plateforme qui détaille le nombre d’alertes, leur typologie et leurs emplacements pour mettre en place des actions correctives. « Depuis un an que nous utilisons cette solution sur nos chantiers, nous comptons cinq à dix alertes par jour, mais aucun incident ni accident », se félicite le conducteur de travaux.
« Pas de flicage »
Si Sogea a choisi de mettre l’accent sur trois points bien particuliers, ceux-ci peuvent être adaptés à chaque entreprise. Le système pourrait ainsi surveiller les cheminements réservés aux piétons sur les chantiers pour s’assurer qu’ils restent accessibles, ou s’inviter dans le bâtiment « en signalant l’absence d’un garde-corps dans un immeuble en construction », imagine Cédric Rougier. « Mais ce n’est en aucun cas un outil de flicage des compagnons ou de surveillance du rendement, tient à préciser Dylan Taleb. Le flux d’images n’est jamais enregistré et nous passons beaucoup de temps avec les délégués du personnel pour expliquer notre approche ».
Soutenue par LVMH et Vinci
Créée en juin 2020 et basée à Bordeaux, Perception Manufacturing vient de l’industrie où, avec la même technologie, elle aide au respect des modes opératoires dans le luxe, l’automobile ou le nucléaire. Soutenue par le groupe LVMH, elle fait également partie de la dernière promotion du programme Catalyst de Leonard, la plateforme d’innovation du groupe Vinci. « Grâce au travail mené depuis un an avec Sogea, nous arrivons à une certaine maturité technique et opérationnelle, explique Dylan Taleb. Aujourd’hui, nous voulons passer au niveau régional et national ». L'entreprise, qui compte une dizaine de collaborateurs, espère atteindre 350 000 euros de chiffre d’affaires pour 2025.