« Les régions méditerranéennes forment un véritable hotspot du réchauffement climatique », lance Stéphane Simonet, directeur d’Acterra. Une zone où les effets du dérèglement sont aigus et où s’amplifient les impacts sur la faune, la flore, mais aussi sur les populations et les infrastructures essentielles telles que les hôpitaux.
C’est sur cette dernière catégorie d'ouvrages, situés dans ces régions particulièrement exposées, que la filiale du groupe Ingérop se penche actuellement pour mettre au point une nouvelle solution. Son ambition : développer un outil numérique capable d’anticiper les risques climatiques pour mieux orienter les décisions de conception ou d'adaptation des bâtiments médicaux du monde entier.
Températures extrêmes, inondations, sinistralité liée au retrait gonflement des argiles, péril sur les systèmes énergétiques ou encore sur la chaîne d’approvisionnement… la liste des menaces pesant sur eux est aussi longue qu’elle peut être variable, suivant leur lieu d’implantation. D’où l'intérêt pour Acterra de concevoir sa solution grâce à l’étude de centres hospitaliers implantés en Espagne, en Grèce, en Italie et en France, afin de disposer d'un panel varié d'aléas potentiels et de populations pouvant être différemment touchées, en fonction de leur âge, de leur niveau d'isolement, de leurs moyens...
« La crise du Covid-19 m’a beaucoup interpellé. Je l’ai perçue comme une répétition générale pour des hôpitaux qui demain pourraient avoir à affronter des crises sanitaire et climatique simultanées. Ces équipements atteignent déjà bien souvent leur limite de capacité. Comment leur permettre de tenir le choc quand viennent s’ajouter des épisodes caniculaires, par exemple », interroge le dirigeant d’Acterra.
Un spécialiste de l’adaptation au changement climatique
Acquis par Ingérop en avril 2022, Acterra est un bureau d’études, d’ingénierie et de recherche appliquée, spécialisé dans le domaine de l’adaptation au changement climatique. Cette filiale du groupe Ingérop fournit des services de conseils, des études techniques et stratégiques, des plans d’actions, mais aussi de services opérationnels pour la maîtrise d’ouvrage ou la maîtrise d’œuvre.
Un outil global d'aide à la décision
Cette démarche de R&D menée par Acterra et ses partenaires* s’inscrit dans le cadre du projet européen Life Resystal, initié en septembre 2021 et qui doit s’achever en août 2025.
Adossé à une étude de base du bâtiment et de son contexte couplée à une analyse des données climatiques, l’outil entend offrir une vision précise du surcoût induit par le réchauffement climatique, mais aussi des mesures d’adaptation les plus efficaces. Une double lecture qui permettra de déduire une analyse coût-bénéfices, de définir le meilleur scénario d’adaptation et de mettre en place une gestion de crise.
« Les données du Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, NDLR] permettent d’extrapoler une situation climatique sur des espaces de plusieurs dizaines de kilomètres. Grâce à nos méthodes, nous pouvons descendre à une échelle plus précise, de l'ordre du kilomètre, et anticiper des variations sur une même journée », se réjouit Stéphane Simonet.
Cette promesse, Acterra assure être déjà capable de la tenir. Reste aujourd’hui à standardiser sa solution pour que tout établissement de santé puisse se l’approprier. Un travail qui devrait aboutir « courant 2024 », selon Stéphane Simonet, et qui aura vocation à s’appliquer dans le futur à un plus large spectre d’ouvrages sensibles.
*Demokritos, Université de Cambridge, RINA, CrisiSoft et Health Care Without Harm