Collectivités locales : la santé des sols entre dans la planification urbaine

Pour la première fois en France, une ville établit son plan local d'urbanisme à partir du diagnostic scientifique des fonctions de ses sols.

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L'urbanisation a épargné les terres des fonds de parcelles pavillonnaires.

A Ris-Orangis (Essonne), les sols en bonne santé sortent des zones constructibles. La commune, appuyée par le bureau d'études Sol Paysage, aborde en effet son plan local d'urbanisme (PLU) avec une approche inédite dans l'Hexagone. « Tout a commencé durant la pandémie du Covid-19. Après la reconduite de mon équipe au premier tour des élections municipales de 2020, nous avons profité des confinements pour remettre à plat le projet de ville, avec la participation des citoyens », témoigne le maire Stéphane Raffalli.

Accompagnée par le Médialab de Sciences Po, fondé par le philosophe écologiste Bruno Latour, la Ville met en place, à partir de janvier 2021, un collectif de 25 citoyens-experts baptisé « Où atterrir à Ris-Orangis ? ». Cet outil avait pour but de renforcer les passerelles entre les citoyens et les politiques publiques. Parmi les doléances issues de l'expérience et retenues par la municipalité figurait la préservation des sols.

La révision du PLU, aujourd'hui en phase de démarrage, s'appuiera donc sur 120 sondages de sol menés dans la ville de 30 000 habitants. « Nous nous sommes appuyés sur la méthode Indicasol, établie par l'Inrae, à partir d'une analyse multifonctionnelle », précise Xavier Marié, dirigeant et fondateur du bureau d'études Sol Paysage.

Connaissances mutualisées. Seule commune francilienne sélectionnée en 2022 à l'issue de l'appel à manifestation d'intérêt Objectif ZAN initié par l'Agence de la transition écologique, Ris-Orangis ne bénéficie pas seulement des expertises des deux prestataires qui accompagnent son dossier, Sol Paysage et le Cerema. Le bureau d'études dirigé par Xavier Marié partage également les connaissances mutualisées au sein du groupement d'intérêt scientifique Sol, engagé dans un travail cartographique au long cours. « Ris Orangis apporte la contribution d'une ville dense, avec des cartes au 1/10 000e », précise Xavier Marié. Jamais jusqu'alors ce travail n'avait servi de fondement à l'établissement d'un document de planification réglementaire.

Chemin faisant, la commune découvre des trésors insoupçonnés, le caractère inviolé des sols au fond des jardins : « L'urbanisme pavillonnaire s'est développé en partant de la rue, préservant le sol originel », constate Xavier Marié. D'où une première orientation : la densification sur la base du « build in my backyard » (« construit derrière ma maison ») n'a pas sa place à Ris-Orangis. La Ville interdit le découpage parcellaire de ses quartiers pavillonnaires.

La détermination à préserver les sols se traduit également dans la révision du programme de l'écoquartier de la Ferme d'Oran-gis, concédé à Grand Paris Aménagement : la Ville a réduit le nombre de logements à 250, soit trois fois moins que l'objectif initial. « Plusieurs friches permettront de répondre à nos besoins, dans l'habitat comme dans l'activité », assure Stéphane Raffalli. Egalement vice- président de Grand-Paris Sud en charge de l'amé-nagement, le maire de Ris-Orangis lance l'essaimage de la méthode à l'échelle du schéma de cohérence territorial (Scot) de cette agglomération de 360 000 habitants. A la fin de l'année prochaine, Sol Paysage mettra à la disposition des 23 communes du Scot un jeu de données issu de 150 nouveaux sondages.

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