Les marchés pour les deux premiers projets éoliens français en mer, au large de l'île d'Oléron, ne sont pas encore attribués, mais la Nouvelle-Aquitaine pense déjà à l'avenir. Trois implantations possibles ont été identifiées dans le golfe de Gascogne pour accueillir de futurs parcs, visant une capacité installée d'au moins 7 GW à l'horizon 2050, soit l'équivalent de la consommation d'énergie de 10 millions de personnes. Pour les zones sud (1,2 GW) et nord, l'horizon est fixé à 2035 ; pour la zone ouest, à 2050. Avec ces projets d'éolien marin, la région pourrait produire dans un premier temps 4,8 GW.
Pour répondre à cette ambition, le conseil régional compte s'appuyer sur les forces locales et structurer une filière. Premier maillon de la chaîne de valeur : la formation, assurée par l'université de La Rochelle (Charente-Maritime). « Nous avons créé un consortium avec le lycée maritime de la ville et celui de Montmorillon (Vienne) qui propose un BTS dédié à la fabrication et à la maintenance des éoliennes. Nous serons prêts en 2030 », annonce Gérard Blanchard, président de l'université. Cette dernière proposera dès 2027 le master Eole, qui formera au métier de cadre de la filière des énergies marines renouvelables dans les domaines des sciences de l'ingénieur.
Viennent ensuite les chevilles ouvrières du projet : les ports. Les quatre entités de la façade maritime (La Rochelle, Rochefort-Tonnay-Charente, Bordeaux et Bayonne) ont participé en 2022 à la création de l'association Aquitania Ports Link, et ont développé dans ce cadre le projet Aquitania Wind Energy. Les ports ont travaillé sur leur complémentarité : la production et l'exportation des éléments en acier pour des flotteurs ou autres composants à Bayonne ; l'assemblage des flotteurs en acier ou béton, et leur mise à l'eau à Bordeaux ; l'intégration des éoliennes sur flotteurs, le stockage des mâts, pales et turbines, et la maintenance des parcs à La Rochelle ; le stockage et l'expédition des équipements d'ancrage (ancres, chaînes) à Rochefort. Les travaux d'adaptation de leurs infrastructures sont évalués à 200 M€.
Plus de 1 700 postes à temps plein
Certaines entreprises du secteur ont manifesté leur souhait d'intégrer elles aussi la filière. C'est le cas de Neo Sailing Technologies (NST) basé dans le Médoc, qui est à la fois un chantier naval et une écurie de course au large. « Nous nous intéressons au recyclage : nous pouvons récupérer les fibres, les âmes et la résine des bateaux pour en faire d'autres bateaux, mais aussi des pales d'éoliennes, détaille Fabienne Baron, présidente de NST. Cette technologie est rare et nous pouvons la transférer à d'autres acteurs. » Pour la Nouvelle-Aquitaine, la mise en place d'une filière de l'éolien représenterait 2,2 Mds € de valeur ajoutée sur quinze ans, plus de 1 700 postes à temps plein entre 2025 et 2040, et 165 entreprises régionales identifiées sur l'ensemble de la chaîne de valeur.