Colas accélère dans l’économie circulaire. La filiale de Bouygues veut produire 10,5 millions de tonnes de granulats recyclés en 2026 contre 7 millions de tonnes aujourd’hui. Pour cela, l'entreprise a lancé fin novembre deux nouvelles marques de plateformes dédiées aux professionnels du BTP. Valormat recueille les gros volumes de matériaux de déconstruction tandis qu’Ecotri s’adresse aux PME et aux artisans.
Au-delà de la réglementation
Sur les 560 plateformes de recyclage exploitées par Colas en France, 160 sont désormais labellisées Valormat. « Elles répondent à un cahier des charges qui va au-delà de la réglementation », explique Bruno Huvelin, directeur matériaux de Colas France. Les exigences concernent les équipements, l’environnement, le process ou encore la qualité des produits reçus et produits. « Les matériaux entrant sur une plateforme Valormat sont pesés, tracés et triés avant d’être concassés puis les granulats obtenus sont analysés pour garantir leur conformité », détaille Bruno Huvelin.
Double fret
Les matériaux qui ne peuvent être recyclés sur place sont expédiés vers les filières de recyclage adaptées (pour le PVC par exemple) ou vers des unités de valorisation énergétique (c’est le cas du bois broyé). Les plateformes tentent d’imposer le principe du double fret, dans lequel les camions arrivent à plein et repartent également à plein, pour limiter l’impact du transport routier. Sur le site Valormat d’Etampes (Essonne), où l’on traite 80 000 t de matériaux par an, on fabrique également 3 200 blocs à partir de béton recyclé disponibles à l’achat sur le site.
Des plateformes pour les artisans
Les 12 plateformes Ecotri, elles, s’adressent aux PME et aux artisans du BTP. « Ceux-ci ont des activités plus diversifiées, donc nous avons beaucoup de flux différents mais en plus petites quantités, plus faciles à trier, gérer et revaloriser », souligne Bruno Huvelin. Aux déchets minéraux du bâtiment s’ajoutent en effet les pneus ou les déchets verts, par exemple. L’objectif est de doubler le nombre de ces plateformes entre 2026 et 2030.
Marge de manœuvre
Alors que la REP appliquée aux matériaux de construction entre en vigueur au 1er janvier 2023, le BTP réutilise 60 % à 80 % de ses déchets de démolition. « La marge de manœuvre est encore large », estime Bruno Huvelin. « L’améliorer dépendra de notre capacité à produire ces matériaux et à créer des produits innovants répondant aux demandes », explique Cédric Pantel, président de Tersen, filiale de Colas spécialisée dans la valorisation des matériaux en Ile-de-France.
Accès au foncier
Mais le principal levier est l’implication des donneurs d’ordre. Le patron de Tersen en appelle notamment aux pouvoirs publics pour « favoriser l’accès à du foncier au plus près des gisements de déchets et au plus près des besoins, c’est-à-dire dans les zones urbaines ». Entre un foncier particulièrement tendu, notamment en Ile-de-France, et un business model à la rentabilité modeste, les acteurs du recyclage ont en effet du mal à mailler correctement leur réseau.