Modeste par sa taille, le petit chantier de 230 m2 de trottoirs réalisés aux abords du groupe scolaire Les Jardins à Vedène, dans le Vaucluse, représente une petite révolution.
Pour la première fois en France, Colas a mis en œuvre, le 23 avril, Végécol, un enrobé réalisé avec un liant composé à plus de 80 % d’origine végétale : « Mélange composé d’une résine dérivée du pin et d’huiles d’oléagineux, il présente un bilan carbone négatif. En effet, la quantité de carbone fixée par les végétaux lors de leur croissance est supérieure au carbone émis pour la fabrication du liant. De plus, le procédé est beaucoup moins énergivore car appliqué à basse température. Nous visons en effet 30 °C en moins par rapport à des références classiques à chaud », développe Sébastien Bruhat, directeur technique et innovation chez Colas Territoires Sud-Est.
Forte valeur patrimoniale
Appliqué en couche de roulement de façon très classique, manuellement ou avec une machine, Végécol est conçu pour remplacer le béton désactivé ou les pavés modulaires.
Du fait de sa couleur claire grâce au liant qui est translucide et permet de mettre en valeur la veine des granulats, Colas le prédestine à la réalisation ou la rénovation de voies cyclables et autres voies douces, trottoirs dans des zones à forte valeur patrimoniale : « Nous privilégions ces usages plutôt que des voies fortement circulées qui auront tendance à salir cet enrobé. Ce qui est antinomique par rapport à cette recherche esthétique. Mais en théorie, il pourrait être appliqué partout », précise le directeur technique et innovation.
Pour la dizaine de compagnons mobilisés sur le chantier de Vedène, qui a duré la journée, le procédé a eu l’autre avantage d’être agréable à poser car à faible température et ne dégageant pas l’odeur habituelle du bitume.
Surcoût de 30 %
A part que le produit est 100 % recyclable, que la résine de pin et les oléagineux proviennent respectivement de France et d’Europe, nous ne saurons rien de plus sur la formulation du liant de Végécol, secret de fabrication oblige.
En revanche, Colas réalisera ses différents composants dans des usines au plus proches des chantiers. En l’occurrence, pour l'opération de Vedène, ses équipes ont fabriqué la résine dans son usine de Vitrolles, puis l’enrobé dans un poste d’enrobé de Provence Enrobés à Gignac-sur-Nerthe, deux communes situées dans les Bouches-du-Rhône, à moins de 100 km du chantier.
Pour cette première application dans des conditions réelles de réalisation financée dans le cadre d’un marché à bons de commande qui le lie à la commune de Vedène, le groupe a pris à sa charge les 30 % de surcoût par rapport à un enrobé classique.
Après quatre années de recherche et développement au sein de son laboratoire et une série de tests sur différents chantiers en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis, il peut maintenant le déployer avec, en vue, une trentaine de chantiers en France en 2021 représentant chacun entre 500 et 1 000 m2.
