Salué par le ministère de la Culture comme un «grand serviteur de l’Etat et de sa politique culturelle», Christian Dupavillon, disparu le 22 janvier 2024 à l’âge de 83 ans, ne fut pas l’homme d’une mission mais d’une multitude d’idées. Il fut un membre clé de l’équipe qui, emmenée rue de Valois par Jack Lang après l’élection de François Mitterrand en 1981, allait secouer le monde des arts et du spectacle.
Pompidou, la musique et le Bicentenaire
Christian Dupavillon a dès lors été un conseiller technique dont la liste des attributions est un poème : jusqu’en 1986, il s’est occupé des grands projets et de l’architecture, des célébrations nationales et de manifestations diverses, des relations internationales, de la mode, des arts culinaires et du cirque. Et propulsé également commissaire du gouvernement du Centre Georges-Pompidou, il a veillé sur l'évolution de cette nouvelle machine à délivrer de la culture, bâtie quelques années plus tôt par les architectes Richard Rogers et Renzo Piano au centre de Paris (IVe).
Plus que toutes les autres peut-être, une initiative restera attachée à son nom. La Fête de la Musique qui éclate au premier soir de l’été, en juin 1982, c’est lui, aux côtés de Maurice Fleuret, alors directeur de la musique et de la danse. Mais avec son sens de la fête, Christian Dupavillon est l’ordonnateur d’autres événements marquants, comme le défilé bicentenaire de la Révolution française, mis en scène par Jean-Paul Goude le 14 juillet 1989, sur les Champs-Elysées.
Le Louvre, Bastille et Angoulême
Né le 20 mai 1940 à Chambéry (Savoie), Christian Dupavillon était aussi architecte. De formation du moins. Et s’il n’a jamais construit, le conseiller culturel a suivi de près ce qui allait devenir les grands travaux mitterrandiens : la création du Grand Louvre, la construction de l’Opéra-Bastille, la Cité de la Musique de la Porte de Pantin, mais aussi l’Ecole de la photographie à Arles ou la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême. Puis en 1990, Christian Dupavillon a été nommé directeur du patrimoine du ministère de la Culture, alors même que le sujet devenait une priorité. Il travaille alors sur une importante politique de restauration de monuments.
Mais l’homme savait voir le patrimoine aussi là où d’autres ne voyaient encore que des sites à l’abandon. Lui qui avait débuté sa vie professionnelle dans le théâtre, s’est toujours intéressé aux édifices du spectacle vivant… mais aussi aux lieux de représentations en puissance. «Il est parmi les premiers à comprendre que les friches industrielles et les terrains délaissés sont autant d’opportunités pour inventer de nouveaux lieux culturels», rappelle le communiqué d’hommage de la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati.
Ces bâtiments qui abritent les arts de la scène ont aussi un sujet d’écriture pour Christian Dupavillon. Lui qui avait autrefois travaillé pour la revue «L’Architecture d’aujourd’hui», a consacré «à ces architectures spécifiques, de très beaux ouvrages savants et déliés », rappelle la critique de théâtre Armelle Héliot. En 1982, il avait ainsi publié «Architectures du cirque, des origines à nos jours» aux éditions du Moniteur puis, en 2004, aux Editions Norma, «La tente et le chapiteau».