« Le Covid est passé, mais aucune de nos activités ne voit son modèle économique revu par les conséquences de la pandémie. C'est une excellente nouvelle car beaucoup d'industries restent encore profondément perturbées », a lancé le directeur général du groupe Bouygues, Olivier Roussat. Une analyse confortée par des résultats semestriels en nette progression dévoilés, ce 26 août 2021, par les différentes entités du groupe dont celles dédiées au BTP.
Le chiffre d’affaires (CA) cumulé des activités construction s’établit à 12,822 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2021, contre 10,842 milliards sur la même période de 2019. Une croissance de 18 %, fruit de la croissance conjointe de Bouygues Construction (+19%), Colas (+15%) et Bouygues Immobilier (+40%) qui atteignent respectivement 6,337 Mds€, 5,591 Mds€ et 981 millions d’euros.
Comme en 2019
Sans surprise, le marché français est le principal moteur de cette hausse qui traduit l’impact de l’arrêt des chantiers et des industries dans l’Hexagone en 2020, lors du premier confinement. Mais si le phénomène de rattrapage est bien réel, son ampleur ne doit pas être négligé.
Au premier semestre 2021, le repli du chiffre d’affaires des activités de BTP au sein du groupe Bouygues n’est que de 3 % en comparaison avec la même période de 2019. Mieux leurrésultat opérationnel courant a augmenté de 520 millions d’euros sur un an et atteint 83 millions d’euros, niveau supérieur à celui du premier semestre 2019. Même constat sur la marge opérationnelle avec 0,6% contre 0,5% qui bénéficie notamment de l’augmentation de la rentabilité de Colas, conséquente à un redémarrage précoce des activités au Canada et aux premiers effets des plans d’optimisation des activités industrielles et de la nouvelle organisation portés par son président directeur général, Frédéric Gardes.
Carnets de commandes : une baisse en trompe-l’œil
De prime abord, la situation du carnet de commandes des activités de construction apparaît contrastée : un niveau élevé de 33,3 milliards d’euros d’un côté, et de l’autre, une baisse de 6% par rapport à 2020. Mais gare au trompe-l’œil ! Difficile, voire impossible, de fonder une analyse solide en se basant sur un premier semestre 2020 où les carnets de commandes ne pouvaient être consommés, car gelés par l’arrêt des chantiers.
Suivant cette logique, la réduction notable du carnet de commandes (-9%) de Bouygues Construction, amplifiée par la prise en compte d’un contrat d’1,1 milliard d’euros sur la ligne à grande vitesse HS2 au Royaume-Uni, doit être regardée en fonction des carnets de commandes en 2019. Or, leur niveaux comparables ne sont pas de nature à remettre en cause les projections de Pascal Minault, nommé PDG de Bouygues Construction, ce 26 août 2021, après en être devenu le directeur général le 1er juillet dernier. Une progression de 3 à 4 % du chiffre d’affaires annuel reste l'objectif.
Côté Bouygues Immobilier en revanche, les ambitions seront révisées. Impactée par des délais d’obtention de permis de construire et un attenstisme persistant dans le tertiaire, l’entité, dont le carnet s’est résorbé de 18 % au premier semestre, verra son chiffre d'affaires croître en 2021 mais « n’atteindra probablement pas les +10 % espérés en fin d'année », analyse Pascal Minault.
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Ça roule pour Colas
Chez Colas, aucun nuage à l'horizon. le spécialiste des infrastructures de mobilités a même profité du rendez-vous semestriel pour annoncer l’acquisition du finlandais Destia. L'entreprise annonce un carnet en hausse de 4%, grâce à une reprise des appels d’offres routiers en France et la prise de commandes significatives au Canada au deuxième trimestre 2021. De quoi anticiper un chiffre d'affaires significativement supérieur à 2020, « sans toutefois retrouver le niveau atteint en 2019 ». Sa marge opérationnelle courante devrait, quant à elle dépasser celle de 2019 (3,2 %) avec l'objectif d'atteindre 4% d'ici 2023.
Globalement c'est un « contexte favorable » et « porteur à moyen terme » qui se dessine pour le BTP, estime la direction du groupe Bouygues. « Ces activités bénéficient d'une très forte demande en infrastructure de mobilité et d’énergie, en bâtiment et en logements. Elles doivent également répondre à un besoin accru de solutions pour atténuer les conséquences du changement climatique. Par ailleurs, nous intervenons dans des pays matures où, lorsqu'il y a a des difficultés, les Etats sont en mesure de mettre en place des plans de soutiens qui nous permette de continuer à travailler », a conclu un Olivier Roussat confiant dans l’avenir du groupe Bouygues, au point d’en revoir les objectifs à la hausse.