Chapelle des monts d’Arrée : le gros cadeau de François Pinault

Après les incendies de l’été 2022, les travaux de rénovation de la chapelle de Saint-Michel de Brasparts avancent. Le mécénat de François Pinault relance le débat sur le financement privé des biens publics patrimoniaux.

Image d'illustration de l'article
Prévus avant l’incendie, précipités par le drame de juillet 2022 et, surtout, portés par le soutien financier de François Pinault via la fondation Artémis, les travaux de la chapelle de Saint-Michel de Brasparts, sur les Monts-d’Arrée (Finistère), sont en cours.

Il y a près de d’un an, le 18 juillet 2022, de violents incendies ont ravagé 2 208 hectares de landes, de tourbières et de forêts dans les monts d’Arrée (Finistère).

Au cœur de ce brasier, la chapelle de Saint-Michel de Brasparts, perchée sur ces hauteurs, a tant bien que mal résisté aux flammes. Propriété du département du Finistère depuis 1965, l’édifice du XVIIe siècle reste, à ce jour, consacré et affecté à la paroisse de Châteaulin. Pour les habitants des monts d’Arrée, les amoureux des landes et du patrimoine, le lieu hautement symbolique, est une halte spirituelle, un refuge.

Fortement dégradée, notamment en toiture, la chapelle, fragilisée par des infiltrations, avait fait l’objet d’une étude de faisabilité pour sa restauration bien avant le sinistre.

L’incendie, a en quelque sorte précipité sa rénovation par la voie d’un mécénat que l’on n'attendait pas.

En effet, dès le 19 juillet 2022, le milliardaire breton François Pinault se disant «bouleversé», avait annoncé dans la presse locale, sa volonté d’apporter son soutien à la réhabilitation du site.

Dont acte. Après une rapide mise en relation par l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, proche de François Pinault, le conseil départemental du Finistère a reçu, via la signature d’une convention, un chèque de 550 000 euros émis par la fondation Artémis. De quoi couvrir la réhabilitation déjà programmée de la chapelle.

Avec, en prime, une proposition de mobilier liturgique dessiné par Ronan et Erwan Bouroullec. Les designers bretons, originaires de Quimper, ont notamment collaboré au projet de la Bourse de Commerce à Paris qui abrite une partie de la collection Pinault. Cet aménagement intérieur signé par ces artistes, a laissé craindre un temps, la fermeture du site, habituellement ouvert... Crainte dissipée par les habitants de Saint-Rivoal - territoire communal auquel appartient la chapelle- qui ont proposé de veiller eux-mêmes sur le site à sa réouverture.

Déduction fiscale

Dans les monts d’Arrée, terre humble et militante, cette manne teintée de luxe passe plutôt mal. Quand bien même le département finistérien la juge providentielle. «Je vais chercher du mécénat quand je peux, a déclaré récemment Maël de Calan, le président du conseil départemental du Finistère, lors d’une récente réunion publique d’information abordant l’avancée des travaux. J’estime qu’on en a besoin notamment dans le domaine du patrimoine, de la culture ou encore du handicap où les besoins de financements sont très importants.»

Image d'illustration de l'article
Vue lointaine de la chapelle de Saint-Michel de Brasparts (Finistère) après les incendies de juillet 2022 Vue lointaine de la chapelle de Saint-Michel de Brasparts (Finistère) après les incendies de juillet 2022 (eloleo - stock.adobe.com)

«Est-ce que vous pouvez concevoir que les habitants des mont d’Arrée soient choqués d’apprendre par voie de presse ce don de monsieur Pinault, don que nous n’avons jamais souhaité ?», soulevait l’un des participants dénonçant «une opération de communication».

Le président du conseil départemental a rappelé toutefois «qu’aucune contrepartie n’avait été demandée par la fondation Artémis, hormis la mention de son soutien sur le panneau de chantier».

Ce qui n’a rien d’exceptionnel puisque la loi interdit tout «message publicitaire commercial». En revanche, le mécénat permet de bénéficier d’avantages fiscaux conséquents. Une large partie du don de François Pinault sera donc déduit de ses impôts, à moins qu’il n’y renonce...

«A aucun moment, nous n'avons eu voix au chapitre, a poursuivi l’une des entrepreneuses en charge d’un des lots. Notre nom est malgré nous associé à la fondation Artémis, sans que l’on nous ait demandé notre avis, et alors même que nous avions déjà signé le marché de travaux. Le fond, je dis pourquoi pas, mais pas la manière...»

Le département, maître d’ouvrage, a confié la rénovation à Bernard Le Moën, architecte du patrimoine. Le chantier a démarré à l’automne : reprise de la maçonnerie et des joints, de la charpente, de la couverture, des sols, des vitraux... Le gros œuvre est en bonne voie d’achèvement. Il restera ensuite le nouveau mobilier liturgique à installer. La chapelle devrait rouvrir en juillet 2023. Comme l’avait rêvé François Pinault.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !