Certification FSC : des vitrines prestigieuses pour la traçabilité du bois

Entre la forêt gérée durablement et les ouvrages d’art du Grand Paris, la certification FSC tisse un lien de traçabilité. Deux maîtres d’ouvrage public ont éclairé cette voie, le 30 novembre à l’initiative du Centre national pour le développement du bois.

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Forêt bois
La certification SFC marque des points dans la construction

« On apprend en marchant, dans des délais contraints, mais si c’était à refaire, nous élargirions le champ de la démarche et nous reformulerions les cahiers des charges ». Chef de projet espaces publics à la Solideo, maître d’ouvrage des équipements des prochains jeux olympiques, Thibault Meynieux se réjouit d’avoir saisi la perche tendue par FSC : le spécialiste de la gestion durable des forêts étend ses certifications aux produits finis, y compris aux bâtiments et ouvrages d’art.

Promenade certifiée aux JO 2024

La Solideo a choisi cette voie pour les 700 m de promenade qui rapprocheront Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) des rives de Seine, conformément au parti de Dominique Perrault, architecte du village olympique, et de l’agence de paysage TER, chargée des aménagements extérieurs. Compte tenu des risques de moisissure occasionnés par les contacts des platelages avec la terre et la végétation, la maîtrise d’œuvre s’est résolue à prescrire deux essences exotiques : le massaranduba et le tali.

Le recours à l’importation a poussé le maître d’ouvrage à dépasser ses engagements contractuels à prescrire des bois provenant de forêts gérées durablement, pour se conformer à une certification plus exigeante, qui impose le suivi des volumes prélevés, à chaque étape de leur transformation. Dans la construction, ce référentiel peut s’appliquer soit à la totalité des bois mis en œuvre, soit à une composante d’un ouvrage, comme l’a expérimenté une station du vélodrome des jeux olympiques de Londres, en 2012.

L’atout durable de l’exotique

Coup  de chance : missionnée pour le bois, l’entreprise Bois Nature disposait déjà d’une certification FSC, non prescrite dans le cahier des charges de la Solideo. « Cela nous a facilités la tâche de collecte des pièces à fournir et de suivi », témoigne Thibault Meyneux. Sur le plan financier, la certification de l’entreprise a permis au maître d’ouvrage d’éviter de commander des audits, et de limiter son investissement à la redevance payée au certificateur, soit 3 000 euros.

Sans avoir calculé l’impact carbone de l’importation des bois exotiques, la Solideo estime que la durabilité des essences choisies compense cet inconvénient. Cette analyse converge avec celle d’un autre maître d’ouvrage public francilien : « Sur le Pont des Arts, l’expérience nous montre qu’il faut changer les lames de chêne tous les 15 ans. Avec le badi, nous comptons sur une durée de 30 ans », annonce Claire Gasecki, cheffe de la subdivision Seine et canaux de la section Ouvrages d’art à la ville de Paris.

Un surcoût raisonnable

Un autre facteur a guidé le choix : après la crise du covid, la tension sur le marché du chêne impliquait un an d’attente. Chargée de la pose du nouveau platelage, l’entreprise de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) ECMB ne disposait pas de l’atout de Bois Nature, ce qui a renchéri le coût de la  certification, pour la section Ouvrages d’art : 7000 euros, dont plus de la moitié pour les audits. Mais la somme reste raisonnable, dans le budget d’1,5 M€, dont 0,5 pour le lot bois.

Comme Solidéo, le maître d’ouvrage du pont des Arts se dit prêt à reproduire la démarche. « Y compris pour du chêne », précise Claire Gasecki. Preuve de leur engagement environnemental, les ateliers municipaux ont récupéré les lames usagées pour les réinstaller, après rabotage, sur des passerelles de faible portée et dans des cours d’écoles. Seul bémol : la montagne de signatures à obtenir a dissuadé la section Ouvrages d’art d’engager des démarches de certification de projets au nom de l’ensemble de la ville de Paris.

Les fruits du volontarisme

Bureau d’études environnemental missionné par le ministère des Affaires étrangères pour construire l’ambassade de France à Libreville (Congo), Le Sommer Environnement confirme : « La traçabilité repose sur une stratégie de management environnemental définie en amont par le maître d’ouvrage », déclare Michel Le Sommer. Entre les 264 524 m3 de padouk commandés par l’entreprise locale Ecowood et les 265 m3 d’ailettes en lamellés collés qui parent la façade dessinée par Fabienne Bulle, l’ingénieur a vérifié chaque facture et chaque étape de la transformation.

Directeur technique de FSC France, Guillaume Dahringer ne cache pas le caractère encore très minoritaire des certifications de projets appliquées aux ouvrages de BTP. « Je crois beaucoup au rôle des prescripteurs, pour que l’ensemble des gestionnaires continuent à améliorer leurs pratiques », plaide l’ingénieur forestier. En retour de leurs prescriptions, il promet aux maîtres d’ouvrage et aux maîtres d’œuvre le maintien d’un équilibre entre les besoins de l’économie, de la société et de la biodiversité.

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