CAYEUX-SUR-MER Un ouvrage de défense qui sert l'environnement

Après que la digue de Cayeux, dans la Somme, eut cédé sous les flots en 1990, l'aménageur de la côte picarde l'a confortée et prolongée. D'importantes mesures compensatoires liées à ce bel ouvrage de galets ont permis de restaurer les milieux humides qu'il protège.

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Entre Ault et Cayeux-sur-Mer, au sud de l'estuaire de la Somme, le marais côtier des Bas-Champs témoigne du caractère mouvant du littoral picard. Cette étendue d'herbes basses trouée d'étangs et de fossés fut au Moyen Age un port de pêche actif et un mouillage apprécié parce que accessible à marée basse. Sous Louis XIV, Vauban envisagea d'y construire un port de guerre. L'autre nom qu'on donne aux lieux, le Hâble (havre) d'Ault, garde la mémoire de ce passé portuaire enfoui sous le marais qui s'est formé derrière le cordon littoral de galets. Fragile sous les coups de la mer - il a reculé de 150 à 200 mètres depuis le début du XVIIIe siècle -, le cordon est périodiquement renforcé par des épis qui retiennent, mal, les galets. Car derrière cette digue, les Bas-Champs sont soumis à des incursions marines répétées. Peu à peu abandonnés par les éleveurs et les carriers qui en extrayaient des galets, ils font l'objet de plusieurs projets inaboutis (base de loisirs, réserve de chasse...), tandis que les gravières prennent des allures de décharge. Le choc salutaire viendra de l'inondation de février 1990 : la digue a cédé sur 1 kilomètre, 3 000 hectares sont submergés pendant une quinzaine de jours. Commandée par l'Association syndicale autorisée (ASA) des Bas-Champs, qui représente l'ensemble des propriétaires du site, une étude réalisée par Sogreah préconise le confortement avant et arrière de la digue et la réhabilitation du site du Hâble en réserve faunistique et floristique. Conduits à partir de 1997 par la DDE de la Somme, sous maîtrise d'ouvrage du Syndicat mixte d'aménagement de la côte Picarde (Smacopi), les travaux sont aujourd'hui quasi achevés. Les 36 épis existants ont été confortés, 35 épis neufs ont été créés pour assurer la tenue de la digue sur la longueur. Implantés tous les 100 mètres environ, les épis (en palplanches couronnées de béton) forment des casiers qui sont ensuite saturés de galets (500 000 tonnes acheminées des carrières de la région). Conforté et élargi - la largeur de crête de la digue est passée de 3 à 20 mètres -, ce long trait gris bâti de main d'homme semble toujours émaner de la mer qu'il affronte. A l'abri de la digue, les milieux naturels humides sont en voie de restauration : résorption des décharges sauvages, curage des chenaux, reprofilage des gravières... L'espace est redevenu sauvage et silencieux, investi par les oiseaux, les roselières, le chou marin. Huttes d'observation et sentiers piétons permettront bientôt de les découvrir. Les mesures compensatoires liées à la digue au titre de la loi Bouchardeau permettent de financer ces réaménagements. Ils permettront aussi au Smacopi d'acquérir du foncier, afin d'agrandir encore le vaste espace naturel qu'il gère déjà, constitué par les propriétés du Conservatoire du littoral et de l'Office national de la chasse. Et la digue ayant prouvé son efficacité protectrice lors des dernières grandes marées d'automne, le conseil général a engagé un « tour de table » pour trouver les 74 millions nécessaires à son prolongement jusqu'à Cayeux.

FICHE TECHNIQUE (p.137) :

Maîtrise d'ouvrage : Syndicat mixte d'aménagement de la côte picarde (Smacopi)

Maîtrise d'oeuvre : DDE de la Somme

Programme : confortement de la digue et réaménagement du marais

Coût : 125 millions de francs, financés conjointement par la région, le département, l'Etat, l'Europe et les communes (dont Cayeux-sur-Mer et Woignarue)

Calendrier : travaux engagés en 1997 ; achèvement prévu en décembre 2001

PHOTOS : Les épis existants ont été confortés, d'autres créés pour assurer la tenue de la digue sur la longueur. implantés tous les 100 mètres environ, ils forment des casiers qui sont ensuite saturés de galets.

A l'abri de ce long trait gris bâti de main d'homme, les milieux naturels sont en voie de restauration et l'espace est redevenu sauvage et silencieux.

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