Cavités souterraines : l'union fait la force de l'expertise

Un service commun à 11 municipalités de la métropole lilloise encadre la délivrance des permis de construire et épaule les aménageurs sur plus de 180 ha truffés d'anciennes carrières.

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Effondrement d’une cavité à Faches- Thumesnil en 2009 à plus de 15 m de profondeur.

Voir son jardin ou sa cuisine s'affaisser de 12 m d'un coup ! C'est ce qu'ont vécu certains habitants de la métropole lilloise où, sur 181 ha très urbanisés, le sous-sol est truffé de catiches. Ces anciennes carrières souterraines, qui servaient à exploiter la craie, ont connu leur apogée au XIXe siècle. Pour continuer à construire de façon sécurisée et à coût maîtrisé sur ce sous-sol plein de vides, les porteurs de projets peuvent s'appuyer sur un outil original. En 2018, les 11 communes concernées (1) se sont en effet regroupées autour du service risques urbains et sanitaires de la Ville de Lille, déjà en charge de ce risque majeur depuis 2006 sur son territoire.

En plus d'inspecter les cavités (350 000 m² contrôlés en 2021), le service commun des carrières souterraines instruit tous les permis de construire sur les zones concernées. Ainsi, en 2021, 145 ont été traités et 23 projets accompagnés en amont. « Sans jouer le rôle d'assistants à maîtrise d'ouvrage, nous assistons techniquement ceux qui nous sollicitent. Le risque doit être intégré le plus en amont possible. Il n'y a rien de pire que l'improvisation en phase chantier, qui peut faire exploser les coûts », met en avant le chef du service, Gaëtan Cheppe.

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« Pouvoir coercitif ». Pour Laurent Dutruel, ingénieur en géotechnique et responsable de l'agence lilloise du bureau d'études Semofi, qui intervient régulièrement sur ce type de travaux, « il ne suffit pas de mettre du béton dans un trou et de le boucher. Une grande expertise technique et réglementaire est indispensable à l'aménagement de ces zones. Le service possède aussi un pouvoir coercitif précieux permettant d'imposer des mesures adaptées qui n'entraîneront pas de désordres. » Selon lui, il est bien plus compliqué d'intervenir dans les communes sans service dédié.

Parc, crèche, voirie, logements… Selon le projet, la nature du sous-sol, la présence de la nappe phréatique ou les besoins d'accéder au réseau souterrain pour contrôler son état, différentes techniques sont envisagées : dalle, pieux allant jusqu'à 12 m, comblement avec divers matériaux, voire terrassement complet du terrain. « Le plus dangereux, ce sont les carrières qui ne sont pas suivies », souligne Gaëtan Cheppe, dont les équipes s'invitent aussi au moment des travaux pour vérifier si les consignes sont bien respectées.

Aménageurs et promoteurs y trouvent leur compte. « Très utile, ce service peut fournir des techniques afin de préserver les cavités remarquables », précise Douchka Domon, directrice du pôle urbanisme de l'Atelier MA Architecture et Urbanisme. « Nous nous appuyons énormément sur leur expertise. Nous travaillons en mode intelligent avec partage d'expérience. De notre côté, nous avons pu tester de nombreuses techniques, chaque cas étant particulier », détaille Cédrick Delelis, président du directoire du promoteur lillois KIC.

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« L'infiltration d'eau, ennemi n° 1 ». Et l'enjeu est souvent de taille. Par exemple, sur les 12 M€ investis pour aménager les 10 ha du parc de la Borne de l'Espoir, à Villeneuve-d'Ascq, 80 % ont été engloutis par l'éradication des catiches via le terrassement complet du terrain jusqu'à plus de 10 m de profondeur. « Ici, 1 million de m³ ont été traités, ce qui a demandé plus d'un an de travail. L'expertise fournie a été précieuse. Elle l'est d'autant plus pour des professionnels qui ne seront peut-être confrontés à cette problématique qu'une seule fois dans leur vie », met en avant Tanguy Dalle, gérant de Kob Assistance Construction qui a assuré l'assistance à maîtrise d'ouvrage pour la société d'aménagement du site regroupant Aventim et Leroy Merlin. Un bassin de rétention des eaux de pluie de 1 800 m³ a aussi dû être construit, toute infiltration à la parcelle étant interdite sur ces zones. Gaëtan Cheppe met en garde : « L'ennemi n° 1, c'est l'infiltration d'eau car elle provoque 90 % des effondrements. »

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