Catastrophe, services publics et décentralisation

Qu'il nous soit permis de nous étonner : pourquoi les commentaires nationaux - je serais tenté de dire « parisiens » - n'ont-ils loué, et à bon droit, que les actions des grandes entreprises publiques, comme si elles seules avaient vocation à incarner le service public, jusque dans la plus petite commune en France ? (1)

Les agents des services d'eau potable, par exemple, ont travaillé jour et nuit dans des conditions aussi difficiles que les personnels d'EDF pour rétablir le service avec une efficacité et une rapidité que les exécutifs locaux, maires, présidents de conseils généraux ont, eux, publiquement et justement saluées.

On pourrait y ajouter l'énorme travail accompli par les entreprises ouvrant dans le secteur de la propreté, ainsi que l'aide spontanée fournie par des entreprises privées étrangères, partenaires fidèles des groupes français. Mon propos n'est pas d'opposer agents publics et agents privés des services publics : tous font leur métier avec fierté et dévouement parce qu'ils ont conscience que la responsabilité d'assurer un service collectif de proximité n'est pas un métier comme les autres. Mais à l'entrée du XXIe siècle, alors que les drames récents ont montré que nous disposions de services publics solides, notre pays, du moins ses responsables nationaux, ne pourraient-ils moderniser leurs discours et cesser d'assimiler purement et simplement service public et entreprise publique nationale à monopole ?

Le catastrophe, comme les agressions de toute nature, agissent comme un révélateur de l'efficacité de l'organisation d'une collectivité ; ce qui importe, c'est la rapidité de réaction, la capacité de mobiliser tous les moyens disponibles, de les affecter dans le meilleur ordre, en fonction des priorités.

C'est au plus près de lui que le citoyen mesure la réalité de la solidarité, et, pour cela il faut que « l'Etat local », selon l'heureuse formule d'un récent article, fonctionne bien : « l'Etat local », c'est, bien sûr, le préfet et les services de l'Etat, les grandes entreprises publiques, mais aussi les exécutifs locaux, au premier rang desquels le maire, lequel est chargé de coordonner l'ensemble des services et des bonnes volontés présents dans la commune. Pour des individus désemparés, l'important dans un groupe électrogène, ce n'est pas qu'il appartienne à EDF ou à une société concessionnaire d'eau, c'est qu'il soit en bon état de marche, utilisé par des personnels compétents et acheminé le plus rapidement possible là où il est le plus utile.

C'est cela le service public pour le citoyen, et non la forme juridique qu'il a pu revêtir, il y a plus de cinquante ans, dans un contexte bien particulier.

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