Lieu de formation et de recherche ouvert aux ingénieurs diplômés de l'école nationale supérieure des Arts et Métiers, l'institut de conception, mécanique et environnement est implanté sur le site de Savoie Technolac, vitrine technologique du département. Sans concession aux formes hybrides des architectures voisines et au rond-point qui borde le terrain, l'architecte Philippe Guyard a déployé pour l'accueillir un volume sobre et calme, faux carré de 37 m par 41 m dont l'évidement intérieur du patio et de la terrasse augmente l'emprise. Pour échapper au monolithisme de cette figure géométrique sans surprise, il a décliné ce carré en trois strates superposées : un socle peu marqué en béton qui permet de s'affranchir des crues, un entablement épais situé à 3 m du sol, et un vaste brise-soleil horizontal formé par une résille d'acier et d'inox. Ce système constructif sépare lisiblement les deux niveaux du bâtiment qui abritent des fonctions contrastées.
Le rez-de-chaussée est dévolu à la vie administrative et collective de l'école. Salles cloisonnées et espaces ouverts s'y côtoient dans une atmosphère d'ombre et de lumière travaillée par le béton ciré de la structure, les cloisons vitrées et le patio. Deux murs parallèles traversent le bâtiment et se prolongent jusqu'aux limites de constructibilité du terrain. Ils regroupent les services et les circulations verticales et partagent l'espace en deux parties.
L'entablement en béton clair qui sépare les deux niveaux correspond à une structure en corps creux dans laquelle cheminent les galeries techniques, surdimensionnées en prévision d'une évolution possible des fluides. Les intervalles entre ces corps creux forment en sous-face un plafond à caissons, sur une trame de 10 m 6 m, qui définit l'espace intérieur et donne du volume aux salles.
A l'étage, on accède à l'univers des chercheurs, qui travaillent en petits groupes à des projets de natures variées. Quatre plateaux modulables groupés en deux pavillons indépendants ouvrent sur une terrasse platelée de bois. Bardés d'inox à leurs extrémités, ils sont raccordés par une galerie vitrée centrale et par l'étonnante surtoiture tendue entre ces deux volumes. Ce paralume est constitué d'une structure d'acier galvanisé et de plaques d'inox, plus nombreuses au pourtour du bâtiment et côté sud, qui protègent les façades contre l'ensoleillement.
L'enveloppe des deux niveaux est vitrée de façon unitaire, et rythmée par le découpage vertical des raidisseurs en acier galvanisé. Les façades proprement dites, montées traditionnellement dans des menuiseries aluminium, sont doublées par endroits de panneaux de verre extérieur attaché (VEA) fixés par des rotules d'inox. A cette superposition s'ajoute l'alternance aléatoire de bandes claires et sablées, réparties sur les deux plans vitrés de façon à brouiller le cadrage des menuiseries et des raidisseurs. La paroi, mouvante et insaisissable dans ces jeux d'épaisseurs et de reflets, contraste ainsi avec la massivité et la constance lumineuse du béton. L'artiste du 1 % s'est saisie de ce thème pour sérigraphier une épitaphe empruntée à un moine bénédictin du XIe siècle.
PHOTOS :
1 et 2. Le bâtiment est vitré sur toutes ses faces, à l'exception des pignons de l'étage. Les deux murs gris qui délimitent les services au rez-de-chaussée se prolongent jusqu'aux limites constructibles du terrain.
3. Les raidisseurs qui trament les façades sont formés de deux cornières accolées dos à dos.
A l'avant, un vitrage fixe attaché par des rotules d'inox double les façades par endroit. Un sablage aléatoire se superpose à ce système.
4.Les plaques d'inox du brise-soleil horizontal, de 2 m de long, 50 cm de large et 2 mm d'épaisseur, sont fixées sur une structure d'acier galvanisée accrochée aux façades des deux pavillons de l'étage.
5.Le plafond à caissons des salles du rez-de-chaussée est complété par des éléments acoustiques autonomes.
COUPE NORD-SUD : un réseau de caissons techniques quadrille le bâtiment. Tout l'équipement technique chemine dans ces galeries visitables par des trappes. Leur épaisseur forme un entablement en béton porté à 3 m du sol.
PLAN DU REZ-DE-CHAUSSEE.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : conseil général de la Savoie.
Maître d'ouvrage mandataire : société d'aménagement de la Savoie.
Maîtrise d'oeuvre : Philippe Guyard, architecte ; Cetc, BET structure ; Briere, bureau d'études fluides ; Chatelain, économiste ; artiste 1 % (sérigraphie) : Françoise Novarina.
Surface : 2 096 m2 HON; SHON réelle sans la pondération à 30 % des 588 m2 de terrasses accessibles : 1920 m2 .
Calendrier : concours, avril 1996 ; études, juin à octobre 1996 ; chantier, février à décembre 1997.
Principale entreprise : Langain, gros oeuvre.