Les problèmes avaient démarré en juin 2018 quand Fayat a proposé un avenant au contrat qui portait sur un surcoût de 18 millions d’euros et 21 mois de délai supplémentaire pour un marché initial de 70 millions d’euros. Une demande de Razel-Bec intervenue au début des travaux concernant le nécessaire renforcement des batardeaux envisagés pour la réalisation des piles du pont à sec par des enrochements et des gabions. « Cela était nécessaire pour éviter le phénomène d’affouillement, insistait alors Laurent Fayat, cela représentait un risque pour la structure. » Bordeaux Métropole refuse et le dossier part au tribunal administratif pour une médiation.
Un contrat qui prévoit un surcoût d’1 million d’euros pour la collectivité
Six mois après, un accord est conclu : Razel-Bec devait poursuivre les travaux en cours, la trémie rive gauche — aujourd’hui en service — et la travée couverte rive droite ; Baudin-Châteauneuf achevait de son côté les travaux de fabrication et de mise en place de la charpente métallique supportant le tablier du pont.
L’accord prévoyait le paiement de 22,78 millions d’euros HT pour la poursuite des travaux de Razel-Bec sur les rives, 16 millions d’euros pour la charpente de Baudin-Châteauneuf, 890 000 euros HT pour les coûts de stockage de cette charpente générés par le retard des travaux, 1,15 million d’euros pour le rachat de l’estacade temporaire à Razel-Bec — que la métropole prévoyait de revendre à l’entreprise qui prendrait le relais —, 77 028 euros pour les études et 307 374 euros pour les assurances. Soit un surcoût total pour la collectivité d’environ 1 million d’euros.
La réalisation des ouvrages de génie civil ont fait l’objet d’un nouveau marché, dont l’attribution sera connue en janvier 2020. Un accord qu’Alain Juppé, à l’époque président de Bordeaux Métropole, avait souhaité faire homologuer par le tribunal administratif.
Homologation refusée
Petit grain de sable courant juillet quand le tribunal administratif refuse cette homologation. « Aux yeux de la juridiction, l’accord est « déséquilibré », les concessions faites par la collectivité, et donc par le contribuable local, étant beaucoup trop importantes. Elle n’hésite pas à les qualifier de « libéralités ».
Traduit en langage commun, cela signifie que des avantages ont été accordés à des entreprises sans véritable contrepartie », peut-on lire dans Sud Ouest daté du 7 août dernier. « Nous ne comprenons pas que cette demande ne soit pas homologuée, déclare Patrick Bobet, lundi à l’occasion de sa conférence de rentrée, d’autant que cette demande était volontaire. Notre but était d’être transparent. »
La Métropole a fait appel de cette décision et demandé au tribunal administratif son traitement rapide. Il compte sur un retour en avril prochain. « Si l’appel est rejeté, on relancera un nouveau marché ; dans le pire des cas, on perdra six mois. » La livraison de ce pont initialement prévue à l’été 2020, avait déjà pris deux à trois ans de retard.