Interview

Bordeaux : « L'action locale sur le climat, c'est du concret », Didier Jeanjean, adjoint (EELV) au maire de Bordeaux, chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés

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Pour Didier Jeanjean, le permis de végétaliser va permettre aux Bordelais de contribuer à la gestion de l’espace public.

Comment s'illustre la politique municipale face à l'urgence climatique ?

Le choix politique porte déjà sur la désignation d'un seul adjoint chargé de la nature et des mobilités afin d'avoir une vision globale. Ma mission consiste à lutter contre les îlots de chaleur urbains et à développer la trame verte pour contrer l'effondrement de la biodiversité, via la désimperméabilisation des cours d'école et la création de microforêts urbaines.

A cela s'ajoute l'apaisement et le partage équitable de la voirie.

Les écoles sont au cœur de cette action. Pourquoi ?

Les cours de récréation ressortent dans l'analyse des îlots de chaleur, au même titre que les parkings. Ces interventions permettent également de modifier leur dynamique en créant un bosquet au milieu de la cour, avec des bancs autour.

Il s'agit aussi, à plus long terme, de mutualiser ces espaces : c'est un investissement communal qui pourrait notamment profiter aux associations.

Quels sont les résultats ?

Nous avons réalisé 13 600 plantations (jeunes plants, arbres d'intérêt patrimonial et arbres fruitiers) pour la saison 2022-2023, contre 13 300 sur les deux saisons précédentes cumulées. Environ 2 000 m2 de cours d'école ont été désimperméabilisés sur huit sites à l'été 2022. A partir de cet été, nous passerons à 15 écoles par an. Il y a une nouvelle appropriation de l'espace par les élèves et nous savons que les arbres - qui poussent bien - contribueront à la baisse de la température. Concernant la biodiversité, nous voyons revenir lézards et insectes pollinisateurs dans les secteurs des microforêts. Par ailleurs, une étude de l'observatoire de la qualité de l'air Atmo Nouvelle-Aquitaine a révélé une baisse de 30 % de la pollution sur les boulevards entre 2018 et 2022 [un résultat que la mairie impute à la création d'une voie pour les bus et modes doux en 2021, NDLR].

Quel est l'impact financier pour la ville ?

Pour les cours d'école, c'est un coût de 18 M€ sur dix ans.

Concernant les espaces publics, le budget initial de la Ville n'augmente pas, mais nous réorientons les process avec l'arrêt de l'arrosage systématique de la pelouse, des plantations horticoles, de la tonte… Et avec le développement du permis de végétaliser, les habitants pourront également entretenir devant chez eux et ainsi contribuer à la gestion de l'espace public.

En quoi l'échelon municipal est-il pertinent pour cette politique ?

A travers cette démarche, réalisée avec nos moyens, nous voulons inspirer. L'action locale a cet effet-là : c'est du concret. Mais nous irions beaucoup plus vite si le gouvernement nous aidait en légiférant : le Fonds vert devrait, par exemple, permettre d'acheter du foncier. Si l'action ne vient pas du sommet, elle doit être engagée par la base. C'est l'inverse du ruissellement.

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