A Dardilly (Rhône), au nord de Lyon, un maître d'ouvrage privé souhaitait étendre ses bureaux sur la parcelle voisine en ajoutant 550 m2 en R + 2. Si la conception du projet semble simple, sa réalisation s'avère complexe. « Le bâtiment doit être sur pilotis pour accueillir un parking au rez-de-chaussée, ce qui empêche la mise en œuvre de voiles traditionnels au niveau du sol », explique Benjamin Chabanet, responsable du département travaux services chez Demathieu Bard, en charge de la programmation. Autre contrainte, la taille réduite de la parcelle rend difficile l'installation de banches. Enfin, le futur bâtiment tout en longueur comporte de grandes surfaces de façades et de toitures, pénalisantes pour le calcul carbone dans le cadre de la RE 2020.

Si la solution des prémurs classiques a été envisagée dans un premier temps, les équipes de Demathieu Bard se sont rapidement orientées vers les murs préfabriqués en béton de bois mis au point par CCB Greentech. « La taille du chantier et sa configuration offraient les conditions idéales pour tester la mise en œuvre de ces éléments », indique Michael Da Silva, conducteur de travaux chez Demathieu Bard. Préfabriqués sur-mesure chez R-Technologies en Haute-Savoie, ceux-ci contiennent 56 kg de bois au m2, soit 80 % de leur volume. Leur préparation n'utilise que des bois de trituration issus de résineux et un ciment de classe CEM II. « Les granulats végétaux sont encapsulés dans la matrice cimentaire, ce qui confère au matériau une résistance à l'incendie d'une heure », précise Caroline Gérard, directrice marketing et développement commercial de CCB Greentech.

Emissions de CO2 négatives. Les modules préfabriqués ont commencé à arriver sur le chantier en mai dernier. Leur mise en œuvre implique de couler du béton traditionnel dans des réservations spécifiques qui comprennent également un chaînage métallique. « Ces armatures servent à la fois de renforts dans certaines zones et de jonctions entre les panneaux », souligne Caroline Gérard. Si le coulage utilise un béton et une armature classiques, il ne concerne que des surfaces limitées et il est facilité par la possibilité de visser les coffrages directement dans les éléments en béton de bois. Autre caractéristique, géométrique celle-ci, les modules intègrent en partie haute une planelle de 11 cm d'épaisseur qui sert de coffrage de rive au plancher et permet de s'affranchir des rupteurs de pont thermique.
Résultat : sur ces murs épais de 24 cm, le calcul d'analyse du cycle de vie (ACV) dynamique montre des émissions de CO2/m2 négatives à - 11 kg CO2/m2, avec une résistance mécanique en compression de 4 MPa.

Après le départ de la grue en septembre, les travaux se poursuivent, consistant notamment en la mise en place d'une isolation par l'intérieur au moyen d'une laine minérale et d'une plaque de plâtre. A l'extérieur, un enduit spécifique sera mis en œuvre afin que les occupants bénéficient du déphasage et de la perspirance du matériau. Enfin, si le budget de l'opération est confidentiel, les responsables du chantier le comparent à celui d'une solution de prémurs avec des rupteurs de pont thermique, la valeur ajoutée résidant ici dans les performances carbone et la facilité de mise en œuvre.
