En cette période incertaine, je voudrais formuler des vœux utiles et concrets à l’attention de tous les acteurs du secteur tertiaire : qu’au 30 septembre 2022, chaque propriétaire ou locataire concerné ait fait beaucoup plus que la saisie de ses données de consommation énergétique sur la plateforme Operat. Un zèle nécessaire qui ne relèvera pas du miracle, mais bien de la rigueur et de l’audace de chacun à porter le décret tertiaire au-delà de la réglementation et vers un engagement durable.
Longtemps serpent de mer de la planète énergie, depuis sa genèse en 2010 lors du Grenelle de l’environnement, le décret tertiaire du 23 juillet 2019 fixe aux acteurs du secteur une feuille de route pour diminuer leur consommation d’énergie finale dans leurs bâtiments de plus de 1 000 m² : - 40 % en 2030, - 50 % en 2040 et - 60 % en 2050 par rapport à 2010. De nombreuses activités sont concernées : bureau, banque, assurance, enseignement, santé, hôtellerie, tourisme, culture, etc. Ce texte ambitieux, destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment dans le sillage de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), comporte aussi un enjeu à courte échéance : le reporting annuel de ces mêmes données de consommation d’énergie, sur une plateforme dédiée. Crise sanitaire oblige, le baptême de feu, initialement prévu au 30 septembre 2021, est reporté au 30 septembre 2022 et recueillera les consommations 2020 et 2021.
Baisser durablement la facture énergétique
Est-ce reculer pour mieux sauter ? Employons précieusement ce temps gagné à construire les fondements d’une démarche itérative qui va se poursuivre jusqu’en 2050. Le décret tertiaire nous dote d’une trajectoire. A notre tour de lui donner du sens. Il nourrit notre ambition. A nous de la transformer en plan d’actions pour durablement baisser la facture énergétique et l’empreinte carbone de nos patrimoines. Et ne pas nous retrouver au pied du mur, le 31 décembre 2030 au soir. L’obligation de reporting n’est pas une fin en soi, mais bien la porte d’entrée vers une stratégie, qui conditionne les résultats escomptés en 2030, 2040 et 2050.
Décarboner les activités
Par où commencer ? Comment faire plus ? Les décideurs des organismes concernés par le décret auront besoin de mobiliser des ressources pour s’attaquer à l’efficacité énergétique et à la décarbonation de leurs activités. Et pas seulement des ressources financières. Compétences techniques : dans l’analyse des consommations, dans l’optimisation énergétique des équipements, dans l’évolution du type d’énergie utilisée . Mais également compétences humaines : un leadership suffisamment affirmé pour encadrer les équipes, emporter leur adhésion, accompagner une dynamique de changement, déployer une vision à long terme jusque dans les comités de direction (Codir). Il ne suffira pas uniquement de changer d’infrastructure ou de mix énergétique, mais bien d’en faire un projet interne qui soit culturel et transversal à tous les services (maintenance, achats, talents, etc.).
La révision de la SNBC va renforcer encore les objectifs
Les organismes qui feront la différence seront ceux qui auront su prendre de la hauteur et aborder le défi de façon intégrée, grâce à sa pratique des systèmes de management, tel que recommandé par exemple dans la norme volontaire ISO 50001. L’ISO 50001, c’est l’ISO 9001 de l’énergie ! La révision de la Stratégie nationale bas-carbone prévue pour 2023 viendra probablement renforcer les objectifs, voire relever les seuils pour 2040. Seuls les visionnaires seront gagnants.
Devenir les brillants acteurs du décret tertiaire
L’obligation de reporting marque aussi le début d’une nouvelle transparence quant aux initiatives menées pour transformer des sensibilités affichées en prises d’action incarnées. Les bonnes pratiques et leurs résultats sont partagés, l’expérience des uns nourrit les autres. Des synergies émergent. Quelque chose se passe. Alors, soyons plus bruyants qu’un rapport du Giec diffusé en plein été, plus extravertis qu’une COP 21, soyons aussi visibles et médiatiques que le dernier succès de Netflix « Don’t look up ». En 2022, saisissons-nous du scénario décret tertiaire et soyons-en de brillants acteurs. Tout simplement.