C'est ici, rue de Pontoise (Paris Ve), qu'a été pour la première fois enregistré le cri de Tarzan poussé par Johnny Weissmuller, le médaillé d'or du 400 m nage libre aux JO de Paris 1924 devenu comédien. Dès son ouverture en 1934, cette piscine imaginée par l'architecte Lucien Pollet attire le Tout-Paris qui crawle dans son bassin de 33 m et prend la pose le long des coursives jaunes et bleues surplombant le plan d'eau. Quasi centenaire, l'établissement a rouvert ses portes en décembre dernier, au terme d'une campagne de réhabilitation orchestrée par l'agence Pierre Marchand Architectes. Il ne s'agissait pas seulement de restaurer ce patrimoine, inscrit depuis 1998 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. L'urgence était de rendre l'usage de la piscine compatible avec les exigences actuelles en termes d'accessibilité (ajout d'un ascenseur), de sécurité (système de traitement de l'air, changement de la charpente) et de confort (thermique, acoustique, éclairage).
Si le diagnostic n'a pas révélé de problème structurel majeur, il a en revanche pointé de multiples détériorations : forte corrosion de la charpente en acier, sous-verrière opaque, étanchéité défectueuse du bassin, voies d'eau vers les terrains de squash en sous-sol, dégradation du béton des corniches, des parements en briques, des mosaïques, etc. « Pour chaque secteur, nous avons recherché les causes des dégradations pour être certains d'apporter des réponses pérennes, explique Pierre Marchand, architecte du patrimoine. Notre intervention principale a concerné la charpente et les verrières, qui inondent le bassin de lumière naturelle et participent du charme des lieux. L'état de corrosion était tel que leur remplacement s'est vite imposé. La difficulté a alors été d'imaginer une solution technique qui améliore la sécurité, le confort des usagers et l'entretien, sans altérer le caractère patrimonial de la structure. » L'option retenue respecte donc l'esprit du dessin d'origine (gabarit, rythme, plaques de verre de 4 m x 0,45 m), tout en l'adaptant. L'ajout d'une passerelle permet désormais de nettoyer la verrière. Il a fallu pour cela rehausser la charpente et les deux pignons.
Coussins en ETFE. Si la nouvelle structure fait toujours appel à la technique du rivetage à chaud popularisée par Gustave Eiffel, la sous-verrière est remplacée par un système de coussins gonflables en éthylène tétrafluoroéthylène (ETFE).
Translucide et facile d'entretien, cette solution légère compense la surcharge due au remplacement de la verrière supérieure avec de nouveaux verres multi-couches dotés d'un traitement solaire. « La piscine a renoué avec sa clarté d'origine, se réjouit Pierre Marchand. Nous avons également retrouvé les teintes et la signalétique d'antan, restauré les frises géométriques des coursives, rénové les mosaïques en tesselles de céramique bleue, ocre et brune et masqué les réseaux techniques. » Invité en décembre dernier, Florent Manaudou a gratifié des élèves de CM2 présents de quelques battements de papillon, avant de s'envoler vers l'Australie pour sa préparation olympique.
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Paris.
Architecte : Pierre Marchand Architectes.
Surface : 2 900 m². Montant des travaux : 17 M€ HT.