La communauté de communes du Pays de Wissembourg (Bas-Rhin) est en passe de réussir son pari : la reconversion au tourisme de la base aérienne militaire de Drachenbronn. Sur le site laissé vacant par l'armée en 2015, les travaux ont commencé. Le « Chemin des cimes » sera terminé en avril prochain. Ce parcours en hauteur dans la forêt se clôturera par une tour à 30 m du sol offrant une vue panoramique sur les Vosges et la plaine du Rhin. Déclinaison d'un concept imaginé avec le cabinet d'architectes Stöger-Kölbl, il est aménagé pour 6,5 M€ par l'allemand EAK (Erlebnis Akademie), qui en a déjà déployé dans plusieurs forêts d'Europe. Le chantier, suivi par OTE Ingénierie et l'agence locale Arc. Tech, mobilise les entreprises bas-rhinoises Herrmann TP (fondations) et Léon (gros œuvre).
« Le Chemin des cimes apportera l'équipement structurant, vecteur de forte fréquentation, qui manquait à l'activité touristique locale déjà significative », estime Serge Strappazon, président de l'intercommunalité. EAK aménagera également un parc d'aventures sur le site. A ce pilier de la reconversion, recherché par la collectivité dans le cadre d'un appel à projets, s'ajoute une offre spontanée : un autre allemand, Glamping Resorts, s'est présenté pour implanter d'ici à juin prochain entre 60 et 80 bungalows d'hébergement insolite en pleine nature.
Autour du cœur de friche. Ces premières réalisations prendront place à côté du cœur de la friche, constitué des 17 ha de l'ex-base proprement dite. « Nous avons décidé de commencer par transformer ce qui gravite autour, afin de donner un contenu au contrat de redynamisation de site de défense (CRSD) signé en 2016 sans attendre la fin des négociations foncières avec l'armée », expose Serge Strappazon. De fait, la cession de la base n'interviendra qu'à la fin de cette année, à l'euro symbolique.
La communauté de communes a œuvré pour bénéficier, en attendant, d'une autorisation d'occupation temporaire qui lui permet de procéder, depuis juin et jusqu'à décembre, à la déconstruction de 30 bâtiments - soit 33 000 t de gravats -, dont 14 à désamianter. L'entreprise Lingenheld se charge de cette opération sous maîtrise d'œuvre d'Ingerop, qui concerne une première tranche de 6 ha ayant trouvé son nouvel occupant : Gusto Palatino, un fabricant allemand -lui aussi -de fonds de tartes flambées. S'il présente l'intérêt d'une commercialisation rapide d'une partie de la friche, ce dossier industriel aurait pu dénaturer la vocation générale de la reconversion. « Nous avons pris les dispositions pour éviter qu'il en soit ainsi », souligne Serge Strappazon. L'élu met en avant la « cohérence architecturale » du projet d'usine, le recours aubois en bardage, les mesures environnementales et, surtout, l'ajout d'une dimension touristique : showroom de produits locaux, restaurant, etc.
Au total, la reconversion mobilise quelque 30 M€ d'investissements privés et publics, ces derniers étant cofinancés par l'Etat, la région et le département.