Barcelone face au surtourisme (2/4) : le pari des institutions culturelles

La capitale de la Catalogne investit dans des équipements publics ou privés destinés aux Barcelonais, mais aussi à un public international attiré par une offre culturelle de qualité.

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Projet d'extension du Macba.
Projet d'extension du Macba.

Sur le plan de l’offre culturelle, Barcelone souffre toujours d’un complexe vis-à-vis de Madrid. Et pourtant, Xavier Marcè, adjoint au maire en charge de la culture, en est convaincu : « Nous disposons des outils dignes d’une capitale. » Alors, pour jouer des coudes avec sa grande rivale ibérique, la Ville met les bouchées doubles. Cela se traduit par une ambition sonnante et trébuchante – 5 à 6% du budget municipal –, s’appuie sur la mobilisation du « système culturel barcelonais » composé d’acteurs privés et publics et se décline en quatre axes majeurs : la valorisation du patrimoine, la démocratisation de l’accès à la culture, la programmation d’événements et de festivals et, enfin, le rayonnement des musées de la cité.

Avec sa collection d’œuvres des années 1970 et 1990, le Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba) est l’une des pièces maîtresses de cette offre culturelle de niveau international, en mesure d’attirer dans la capitale catalane un public bien différent des fêtards habituels. Si dans le quartier populaire d’El Raval, le bâtiment actuel, conçu par l’architecte américain Richard Meier, a ouvert ses portes en 1995. Trente ans plus tard, « nous avons besoin d’espace », sourit Ainhoa Grandes Massa, présidente de la Fondation Macba.

Extension du Macba

Une extension est donc programmée et deux agences d’architectes en ont la charge : les Catalans de H Arquitectes et les Suisses de Chris & Gantenbein. Face au bâtiment de Meier, adossée à un ancien couvent, cette Galeria comportera 2 110 m² de nouvelles salles d’exposition, galerie, entrepôts et installations, et 349 m² de belvédère accessible.

Elle se veut surtout largement ouverte sur l’espace public et sa terrasse sera accessible au public. Objectif : démystifier le musée, donner à voir les œuvres et encourager les riverains à pénétrer dans cette institution culturelle. Les travaux débuteront en novembre pour une livraison prévue en janvier 2027.

La Galeria du Macba
La Galeria du Macba La Galeria du Macba

Le projet d’extension du Macba sera largement vitrée afin de donner à voir les œuvres depuis la place.

Cette réponse entend dépasser le simple ajout de mètres carrés pour répondre à la question urbaine de la place sur laquelle elle s’installe. La Ville s’engouffre d’ailleurs dans ce projet pour reconfigurer plus largement la place des Anges, comprenant des travaux de voirie, mais aussi la création d’un centre de santé.

Non au Macba
Non au Macba Non au Macba

Affiche d’opposants au projet d’extension du Macba.

Toujours en 2027, un autre projet, public celui-là, devrait ouvrir ses portes. A cet horizon, l’ancienne fonderie de canons, située sur la Rambla, sera devenue un centre régional dédié à la culture numérique. « Fermé depuis une vingtaine d’années, ce bâtiment patrimonial sera en mesure d’accueillir, sur 3 500 m², artistes et étudiants autour de projets et d’expositions en lien avec le digital », promet Yolanda Jiménez, de la Généralité de Catalogne.

Cibler les familles, les Barcelonais

Ce nouveau lieu participe à l’ambition plus large, portée par la municipalité, de transformation de l’artère touristique majeure de Barcelone. « Nous misons sur la culture pour transformer l’urbanisme de La Rambla », affirme Sara Jaurrieta Guarner, directrice de la culture, de l’éducation et des sports à la Ville. Plusieurs institutions jalonnent en effet le parcours, du Le Gran Teatre del Liceu, lieu de prestige victime d’un incendie en 1994, au centre d’arts Santa Monica, lieu d’expositions interdisciplinaires, qui a ouvert ses portes en 1999 dans un ancien monastère.

Situé tout en bas de la rue, le Musée de cire, le musée Grévin local, a bénéficié d’une réhabilitation importante en 2020, à la faveur de sa fermeture pendant la pandémie. « Au-delà de la mise à niveau du musée aux exigences du XXIe siècle, nous entendions en faire un lieu iconique à destination des familles, indique Angel Diaz, directeur de cette institution privée. Nous voulons participer à redonner La Rambla aux locaux ».

Si cet accent mis avec insistance sur la redynamisation de l’offre culturelle doit permettre d’attirer une typologie de touristes différente, il constitue surtout, aux yeux de ses promoteurs, un moyen de redonner aux habitants l’envie de se réapproprier certains morceaux de leur ville, accaparés par les touristes. « Grâce à la culture, nous voulons que les Barcelonais reviennent sur La Rambla », résume Sara Jaurrieta Guarner. La culture au service de la reconquête de l’espace public.

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