Avec 200 km de littoral, 20 stations balnéaires, 70 ports de plaisance, l'Occitanie a de l'or bleu entre les mains, et cela tombe bien. Menacée par l'asphyxie foncière et la submersion marine, elle cherche une planche de salut durable pour son avenir touristique. Gruissan (Aude) expérimente en pionnière des hébergements touristiques flottants qui pourraient rapidement essaimer. « Dans le cadre du plan Littoral 21 [requalification de l'offre touristique, développement des activités économiques et préservation des richesses naturelles littorales, NDLR], la région adonné un premier signal avec la réalisation d'une capitainerie flottante à Sète, dans l'Hérault, en 2018. Elle crée aujourd'hui les conditions pour mettre en place un ou plusieurs démonstrateurs d'habitat flottant dans des ports de plaisance maritimes et fluviaux d'ici à 2021 », annonce Didier Codorniou, premier vice-président du conseil régional et maire de Gruissan.
Deux structures en test. A l'issue d'un appel à manifestation d'intérêt, la commune a choisi Alliance Plaisance (Sète) pour exploiter 35 hébergements flottants de loisirs sur un plan d'eau de 15 000 m2 à l'entrée de son port. « Une première en France sur le domaine public maritime », selon Didier Codorniou. 2,9 M€ sont investis par Alliance Plaisance dans ce projet qui nécessitera également l'installation de brise-clapots. Une quinzaine d'unités de 46 à 56 m2, terrasse incluse, seront proposées à la location dès juin 2020, et l'ensemble à l'été 2021. Deux structures en test ont été mises à l'eau mi-octobre. Conçus par le breton Aquashell et l'aveyronnais Carré de Vie, ces prototypes en ossature bois sont raccordés aux réseaux existants et reposent sur une plate-forme en aluminium. « Les problèmes de flottabilité et d'étanchéité ont été résolus par les bureaux d'études, qui étudieront à l'avenir des systèmes d'autonomie en énergie et de phytoépuration », explique Richard Perdu, directeur développement d'Alliance Plaisance.
Techniquement complexe, ce type d'habitat pose d'autres défis : sa faisabilité économique, corrélée à « un certain volume de production », et sa réglementation. « Ces hébergements n'ont pas une vocation d'habitat permanent et sont homologués comme navires habitables stationnaires et reliés à la terre », rappelle Richard Perdu. Le prochain comité interministériel de la mer, en novembre, pourrait entériner des propositions d'évolutions réglementaires émises par la région. « Notre objectif, c'est que l'Etat ait une approche dynamique de ce sujet à l'échelle nationale pour encourager la création d'une nouvelle filière et permettre aux collectivités d'expérimenter », explique Didier Codorniou.
A Agde et Béziers (Hérault), Fourques sur le Petit-Rhône (Gard) et Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), d'autres initiatives pourraient émerger plus vite que prévu. Littoral +, qui vise par exemple à faire du littoral en Languedoc et en Roussillon un exemple de résilience, notamment en matière d'habitat, a en effet été désigné lauréat de l'appel à projets national Territoires d'innovation, avec 91 M€ à la clé sur dix ans.
