Si installer des éoliennes offshore représente déjà une gageure, dérouler les câbles électriques pour acheminer l’électricité ainsi produite jusqu’à la terre ferme constitue un autre défi de taille pour RTE.
Le premier, de 15 km, a été déroulé en mai. Pour le second, les opérations ont débuté jeudi 9 juin à 10 h au large de Bernières-sur-mer (Calvados) « L'atterage constitue une phase particulièrement complexe car le navire, le Cable Entreprise, ne peut s'approcher à moins de 3,3 km de la plage du fait du manque de tirant d'eau. Pour cette portion du trajet, le câble est donc déroulé à la vitesse de 6 m/minute et muni de 1000 bouées afin de le faire d’abord flotter et faciliter ainsi son entrée dans le fourreau situé sur la plage », résume Jacques Frémaux, directeur du projet de raccordement électrique du parc éolien en mer du Calvados chez RTE.
Les plongeurs ont ensuite retiré les bouées pour descendre ce cordon de 30 cm de diamètre sur le plancher maritime. Guidé par des plateformes autoélévatrices et des barges flottantes le câble respecte scrupuleusement la trajectoire qui lui a été définie. Cette portion d’atterrage étant prise en charge par Eiffage Travaux Maritimes Fluviaux (ETMF).
Pendant trois jours, 150 personnes, dont les neuf plongeurs, et une vingtaine de bateaux ont été mobilisés pour maintenir le câble dans le bon axe et sécuriser la zone. Pour maximiser les chances de réussite, les opérations ont été programmées lors de marées à faible coefficients (entre 50 et 80) et avec des conditions météos qui évitent la houle.
Complexité du site
Au préalable, l’ensouillage a été préparé par un premier navire, le Normand Pacific, équipé du Searex, un outil qui creuse encore des tranchées dans 10 km de roche sur 70 cm de large et 150 cm de profondeur. Le Seamole, un autre outil spécifique installé sur le même navire, servira à envoyer de l’eau sous pression sous le câble pour qu’il s’enfonce dans la partie meuble du sol marin.
La préparation du chantier a aussi nécessité de tenir compte de deux paramètres inattendus : le raccordement se situe sur une zone de pêche à la coquille Saint-Jacques, coquillage désormais sous surveillance scientifique. Une quarantaine de les coquilles ont été équipées de capteurs pour suivre en temps réel les vibrations et le bruit susceptibles de les perturber. Ces plages sont aussi celles du Débarquement. Il a donc fallu tenir compte des 77 obus détectés sur le trajet des deux câbles, dont un engin d’une tonne.
39 km de raccordement
Pour ce parc éolien de 448 MW, porté par EDF Renouvelables, Enbridge, CPPIB et WPD Offshore et destiné à couvrir 90 % de la consommation des habitants du département du Calvados, les deux câbles de 225 V seront chacun reliés à 32 éoliennes. Sous l’eau et la plage, le triphasé est contenu dans un tube long de 15 km conçu pour durer au moins 40 ans. La même gaine abrite également deux fibres optiques destinées à communiquer les informations nécessaires au pilotage du parc, des lignes électriques et à la détection des défauts.
Âme d’aluminium ou de cuivre
Dans les 24 km de partie terrestre qui rejoignent le poste de Ranville près de Caen, les trois phases sont séparées dans autant de cordons distincts, de 10 cm de diamètre. L’âme du câble, en aluminium pour la partie sous-marine et en cuivre pour la partie terrestre, est isolée d’une couche de polyéthylène réticulé enroché d'une gaine d’étanchéité, puis doublée d’une armature et d’un cordage pour la partie sous-marine afin de le protéger des chocs.
Le raccordement à la plateforme du parc éolien est prévu pour 2023, avec la mise sous tension du premier câble en décembre 2023, puis en 2024 pour le second. La mise en service du parc éolien est prévue, elle, pour le deuxième semestre 2024. Coût total du projet : 200 millions d’euros HT.