Au Cambodge, Zaha Hadid fait le choix du bois pour un mémorial du génocide

La lauréate du Pritzker 2004 a révélé les premières images de son mémorial du génocide khmer rouge. Son équipe conçoit ce lieu de mémoire avec les ingénieristes pluridisciplinaires Arup et Aecom.

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L’architecte a imaginé cinq bâtiments s’élevant sur trois à huit étages et rappelant les cinq tours du temple d’Angkor Wat.

Youk Chhang, directeur du "Centre de documentation du Cambodge", amasse depuis vingt ans des archives sur les exécutions, la torture et le travail forcé ayant eu cours sous le règne de Pol Pot, et qui décimèrent plusieurs centaines de milliers de Cambodgiens. Conscient de l’importance historique de son travail, il a souhaité implanter dans la capitale cambodgienne, Phnom Penh, un lieu qui accueillerait tous ces documents. C’est pourquoi il a enfilé la casquette de maître d’ouvrage et imaginé un lieu baptisé "Sleuk Rith Institut", qui comporterait également un musée, une bibliothèque et une école doctorale spécialisée sur l’étude du génocide, les conflits et les droits humains.

« Souvent les mémoriaux sont déprimants, et font monter un sentiment de colère plus que de pardon. Comme ils sont généralement conçus par des hommes, j'ai pensé que peut-être une femme pouvait faire autrement », a expliqué avec sagesse Youk Chhang au quotidien britannique "The Guardian".

Celui qui a perdu sa sœur et d’autres membres de sa famille durant les trois années de pouvoir des Khmers rouges (76-79) a réussi pour ce projet, financé par des donateurs, à faire venir la lauréate du Prix Pritzker 2004, Zaha Hadid. Première star internationale de l’architecture à débarquer au Cambodge, cette Irakienne de naissance, Anglaise d’adoption qui travaille désormais principalement en Asie, réalisera ce bâtiment avec les britanniques d’Arup pour la partie ingénierie du bâtiment et les américains d’Aecom pour la partie paysage. Habituée à manipuler le béton et l’acier, l’architecte a choisi de concevoir le mémorial du génocide Khmer rouge en structure bois, une première dans sa carrière.

L’équipe de maîtrise d’œuvre a révélé  les premières images de l’édifice, le 10 octobre dernier. Les cinq bâtiments, s’élevant sur trois à huit étages, rappellent les cinq tours du temple d’Angkor Wat.  Et les structures sinueuses en bois des édifices évoquent les racines aériennes des arbres qui recouvrent les temples de l’ancienne civilisation khmère.

Les liens entre les bâtiments se font par des passerelles suspendues. Et, de manière à empêcher les rayonnements directs de pénétrer à l’intérieur – et donc d’engendrer d’importants besoins de climatisation – les bâtiments sont plus larges à leur sommet qu’à leur base et recouverts d’une enveloppe perforée.

Construit sur le site d’un ancien camp de rééducation khmer rouge, un parc de près de 70 000 m² entourant les bâtiments devrait permettre de ne pas enfermer le lieu dans un passé macabre. Baptisé "Memorial Park", il offrira aux visiteurs des terrains de sport, des potagers, une forêt de sculptures contemporaines, ainsi que des bassins qui serviront à retenir les pluies tropicales et accueilleront également les eaux usées des bâtiments, après traitement sur le site.

Les travaux devraient commencer l’année prochaine.

Plus d’information avec le BEM, la lettre de la construction à l’international

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