Leader des infrastructures en Italie, Atlantia (6,92 Mds € de chiffre d’affaires en 2018, pour un bénéfice net de 818 millions d'euros, en chute de 30%) est en difficultés sur son marché domestique. Le groupe voit son action chahutée à la Bourse de Milan, révélant les craintes liées à la possible perte de ses concessions autoroutières dans le pays, suite au drame du Pont de Gênes en août 2018. Un pont exploité par Autostrade, sa filiale, qui gère près de 3000 km de voies de l'autre côté des Alpes.
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La situation d'Atlantia en Italie est suivie de près dans l'Hexagone,où le groupe est aussi un poids lourd du secteur des infrastructures, et un concurrent direct des majors Vinci et Eiffage. Atlantia détient en effet Sanef et ses 2063 km de voies d’autoroutes concédées, dans le Nord et l’Est de la France. Ce qui en fait le principal opérateur du secteur, aux côtés de Vinci Autoroutes, le leader, et du tandem Eiffage-Macquarie.
Atlantia,qui compte comme premier actionnaire la famille Benetton (30,25% du capital), possède Sanef via Abertis, la société qu’il co-détient avec l’espagnol ACS, le numéro 2 du BTP et des concessions en Europe.
Un intérêt pour les aéroports
Le groupe transalpin dirigé par Giovanni Castellucci affiche un portefeuille de concessions diversifié et comparable à celui des majors françaises, puisqu’il opère aussi des plateformes aéroportuaires avec, en tête de gondole, la gestion des deux principaux aéroports de Rome.
Là encore, il nourrit de sérieuses ambitions en France. Atlantia avait remporté en 2016 face à Vinci Airports la gestion de la plateforme de Nice, la troisième en termes de fréquentation dans l’Hexagone.
Si Atlantia avait fait l'impasse sur la reprise de la concession de l’aéroport de Toulouse, son nom était chuchoté comme candidat potentielen cas de privatisation d’Aéroports de Paris.
Dans une interview au Moniteur, Giovanni Castellucci ne se prononçait pas sur le cas précis d'ADP. Mais annonçait clairement son intérêt pour ce secteur où Vinci Aiports, désormais premier opérateur privé dans le monde, veut continuer de croître. Eiffage, lui, se démène pour mettre un pied sur ce marché en visant les aéroports régionaux comme Toulouse -il est entré en négociation exclusives pour racheter les 49,9% du chinois Casil Europe-, ou Lille, dont le futur opérateur pourrait être sélectionné d’ici à la rentrée de septembre.
Les positions du groupe transalpin se frottent encore à celles des majors françaises sur au moins un autre secteur. Atlantia est devenu en mars 2018 le premier actionnaire de Getlink, l’ex-Eurotunnel, avec 15,5% du capital - et 26,6% des droits de vote. Un actif qui intéresse au plus haut point Eiffage.
Le groupe dirigé par Benoît de Ruffray a acquis 5% de l’exploitant du tunnel sous la Manche en décembre 2018, pour 307,5 M €. Et ne cache pas, depuis, sa volonté de monter au capital.