Architecture Une alternative à la boîte industrielle dans le Jura

-Le centre d'exploitation EDF/GDF de Saint-Claude échappe à la banalisation des bâtiments industriels : toit en pente, produits standard mais adaptés...

Exception dans le paysage banalisé des zones industrielles, le centre d'exploitation EDF/GDF de Saint-Claude ne se présente pas comme une simple « valise » posée au milieu d'une parcelle indifférenciée. En charge de l'opération, les architectes lyonnais du groupe Tectoniques ont en effet choisi de remettre en question la platitude habituelle des typologies et des terrains d'assiette dans les zones d'activités périphériques.

Exploitant la forte pente de ce site montagneux, ils ont commencé par remodeler le terrain, façonnant un nouveau paysage grâce à deux grands plateaux, accessibles par des rampes et soutenus par des murs. Ils confèrent ainsi à la parcelle une relative autonomie vis-à-vis de ses voisines. Même démarche pour le bâti : la boîte, volume de base, est fragmentée en deux corps de bâtiment emboîtés. Le premier, pour les garages et la logistique, encastré dans la pente, soutient les terrains amonts ; l'autre à angle droit, pour les bureaux et les locaux d'accueil, avance en belvédère. De même, ils préfèrent au simple toit-terrasse le toit en pente - en bac acier noir - , placé selon la même inclinaison que le flanc de la montagne.

Quant aux façades, elles sont certes composées de produits standards, mais adaptés. Sur le bâtiment des garages, par exemple, les bandes vitrées qui remplacent de façon aléatoire certains panneaux d'aluminium des portes sectionales, en déjouent la lecture purement industrielle. Pour l'aile des bureaux et de l'accueil, une tôle d'aluminium perforée en doublage d'un simple bardage, a pour effet d'enrichir la texture de l'enveloppe tout en la rendant plus abstraite. Débordant de 50 cm sur le rez-de-chaussée vitré des bureaux, cette tôle fait de plus office de pare-soleil, relayée par des screens extérieurs en partie basse. La couleur noire, tranchant encore avec les couleurs habituelles, renforce l'intégration du bâtiment dans le paysage.

Assemblage à sec et montages de base

La construction des bâtiments fait appel à l'assemblage à sec et à des montages de base. Comme dans une charpente industrielle, les HPN et IPN assemblés et boulonnés forment une succession de portiques. Les éléments de façades sont traités en joints creux, ce qui autorise une relative tolérance au montage. Le pliage de la tôle et le recours au vitrage collé dans les angles assurent la continuité de l'enveloppe et renforcent la lecture du volume.

A l'inverse, le « sur mesure » est adopté pour les murs de soutènement : réalisés en béton matricé (élastomère posé en même temps que le coffrage), ils donnent l'illusion d'un appareillage de pierres. En contrepartie de leur démarche ouvertement critique des méthodes habituelles de conception et de réalisation des programmes semi-industriels, les architectes n'ont pas fait d'impasse sur l'économie du projet : à 4 160 francs HT du m2 de surface utile brute, leur coût de construction reste dans les ratios standards

FICHE TECHNIQUE

Maîtrise d'ouvrage : EDF/direction Est Nancy pour EDF/GDF Services Franche-Comté Sud.

Maîtrise d'oeuvre : Tectoniques ; Aficoor, coordonnateur PS ; Procobat, Bellucci, PSEE, IGB, ingénieurs.

Surfaces : 1 300 m2 SHON.

Coût travaux : 7,5 millions de francs HT (comprenant la démolition, la préparation du terrain, assez lourdes dans ce cas), soit 4 160 francs HT/m2 de surface utile brute.

Coût de la façade des bureaux : 1 280 francs HT par m2. Ce coût comprend tout l'ouvrage d'enveloppe y compris le mur-rideau, les protections solaires, le surbardage...

Principales entreprises : Couvracier, bardage couverture ; Brisard, charpente ; Boudier, maçonnnerie ; Canier, menuiseries alu et serrurerie.

PHOTOS :

1. Les architectes ont joué sur une opposition lourd/léger, clair/sombre entre le socle et le bâtiment.

2. Deux corps de bâtiment à angle droit : les garages, encastrés dans la pente; les bureaux et locaux d'accueil.

3 et 4. Dans la partie bureaux, la technique est absorbée dans le plenum dissimulé derrière le faux-plafond (les évacuations et prises d'air sont assurées en façades, derrière les cassettes perforées) et dans une plinthe de 15 cm de haut qui circule au pied des façades, et dessine l'allège du mur rideau.

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