Les étudiants en architecture étaient présents en nombre, le 9 novembre 2023, à l’Espace Oscar-Niemeyer à Paris (XIXe). Pas pour voir la coupole dessinée par le Brésilien qui a donné son nom au lieu, mais pour écouter les intervenants afghans, arméniens, libanais, turcs et français du colloque international organisé par les Architectes de l’urgence, fondation qui agit depuis plus de 20 ans dans le monde entier à la suite de catastrophes naturelles (séisme, tempête, tsunami, etc.).
« Ce qui nous amène ici, c’est la volonté de dépasser ce qu’on nous apprend à l’école et de s’ancrer dans la réalité actuelle, celle des besoins plutôt que des envies du monde de l’architecture, explique l’étudiante Zia Leclercq. Je pense qu’au-delà de l’urgence climatique, il y a une urgence humaine qui est de plus en plus visible aujourd’hui. On veut en comprendre les enjeux et essayer de se rendre utile, sans être maladroit. »
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Apprentissage
Cette « envie de la jeune génération d’être utile socialement », Corinne Langlois, sous-directrice à l’architecture, à la qualité de la construction et du cadre de vie au ministère de la Culture, la salue. Toutefois, elle rappelle aux futurs praticiens qu’« intervenir en situation d’urgence ou de crise, ça s’apprend. Il faut acquérir suffisamment de connaissances et de méthode pour travailler en coordination avec les acteurs de terrain, et pouvoir garder la tête froide face à des traumatismes humains qui sont toujours émotionnellement impactant. »
Lara Moutin, présidente de Windows for Beirut, fondation dédiée à la rénovation des immeubles soufflés par l’explosion survenue le 4 août 2020 dans le port libanais, plaide donc auprès du ministère de la Culture pour la création d’une « chaire d’apprentissage de l’architecture de l’urgence » dans les établissements d’enseignement supérieur dont il a la tutelle. Selon elle, cette chaire devrait être « tenue, non pas par des théoriciens dont le discours sonne creux, mais par des praticiens qui ont l’expérience du terrain ».
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Formation
Dans les Alpes-Maritimes, après avoir vécu plusieurs tempêtes dévastatrices, Arnaud Réaux, vice-président du Conseil régional de l’Ordre des architectes Provence-Alpes-Côte d’Azur, milite désormais pour la formation des maîtres d’œuvre aux situations d’urgence, avec l’appui de la fondation. Une soixantaine de praticiens sont à présent opérationnels en cas de besoin dans cette région. Et le Grand Est s’est engagé sur la même voie.
Quant aux étudiants en architecture qui assistaient au colloque, Arnaud Réaux leur a prodigué ce conseil : « N’attendez-pas que vos enseignants ou que la société vous créent un cadre pour pouvoir intervenir, inventez votre propre façon d’aider ! Comme ces élèves ingénieurs à Bordeaux qui, via leur association, ont récolté 170 000 euros auprès d’entreprises locales pour rénover des écoles à travers le monde. »