La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) compte désormais soixante architectes de l’urgence capables d’intervenir rapidement en cas de catastrophe naturelle.
Une partie de cette force de frappe a été formée à Marseille, du 30 mars au 1er avril, dans le cadre d’un programme de trois jours et demi monté par le Conseil régional de l’Ordre des architectes de Paca (Croa Paca) avec l’aide de la fondation Architectes de l’urgence.
Cette cession est à la réplique de celle organisée en décembre dernier à Nice ( Alpes-Maritimes), qui a accueilli une première salve de 30 professionnels, sélectionnés, eux aussi, à la suite d’un appel à candidatures et sur la base d’une lettre de motivation.
Urgence climatique
Ce programme gratuit résulte de la prise de conscience de l’urgence climatique par Arnaud Réaux, vice-président du Croa Paca et architecte installé à Nice, accentuée au lendemain de la tempête Alexqui a ravagé en octobre 2020 les trois vallées de la Roya, de la Tinée et de La Vésubie dans l’arrière-pays de Nice et de Menton.
Sur le terrain, au sein d’une cellule bâtimentaire mise en place par la direction départementale des territoires et de la mer des Alpes-Maritimes (DDTM 06), il a ainsi participé au diagnostic de 2500 constructions impactées.
« De cette expérience est née l’envie de disposer d’un contingent d’architectes formés et rapidement mobilisables. D’autant qu’en région Paca, deux communes sur trois sont touchées par un risque naturel : sismique, lié aux inondations, à la submersion marine… Vu cette vulnérabilité et le changement climatique, il faut être prêt. Tout naturellement, nous nous sommes adressés à la Fondation Architectes de l’urgence pour concevoir le programme de formation », a témoigné Arnaud Réaux, le 1er avril à Marseille, en clôture de la session qui s’est tenue dans les locaux du Croa Paca.
Rue d’Aubagne
Même si le contenu de cette formation a été identique à la première en portant sur le risque sismique, la spécificité de la conception en zone méditerranéenne, les pathologies de bâtiments et la méthodologie, ou bien encore les concepts et risques humanitaires, cette fois, le focus a été mis sur les conséquences de l’effondrement de trois immeubles dans la rue d’Aubagne en novembre 2018.
A ce titre, Patrick Amico, adjoint au maire de Marseille chargé de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne, a été invité à intervenir en fin de session pour expliquer toute la mécanique d’intervention d’une commune en la matière, notamment le pouvoir de police du maire et les conditions de réalisation des travaux d’office sur de la propriété privée qui « sont de la mise en sécurité d’immeubles et non pas de la réhabilitation ».
Plus de trois ans après la catastrophe qui a provoqué la mort de huit personnes, « la Ville est toujours dans une gestion de crise », a-t-il admis, rappelant « les 800 arrêtés de péril pris, les 5 000 personnes évacuées dont 1 500 hébergées dans des logements provisoires ».
Occitanie et Alsace
Rebondissant sur ces propos, Patrick Coulombel, fondateur et directeur de la fondation Architectes de l’urgence, a déclaré « qu’il faut des architectes mais aussi des ingénieurs dans une logique de complémentarité des compétences ».
« La question est la fabrication d’une nouvelle ingénierie capable d’une approche systémique et de savoir quoi regarder quand il y a une inondation, comment intervenir pour stabiliser un ouvrage, comment parler aux victimes et aux élus… L’avantage des professionnels locaux est qu’ils connaissent les différentes typologies constructives propres à un territoire. La connaissance du lieu est fondamentale », a-t-il insisté.
Aux 60 architectes de l’urgence formés en Paca devraient s’ajouter deux autres contingents : l’un en Occitanie, l’autre en Alsace, deux régions françaises touchées par le cumul de risques naturels accentués par le changement climatique. « La fondation a 20 ans d’expérience dans le monde. Nous voulons en faire profiter », a-t-il conclu exprimant le souhait d’organiser un événement annuel pour faire se rencontrer les architectes de l’urgence et plus largement de parer au pire.