Bulles, sphères et dômes géodésiques de Tomás Saraceno ont envahi depuis la mi-septembre, la vaste halle de la Hamburger Bahnof à Berlin, le musée d’art contemporain accueille en effet une rétrospective conséquente de l’œuvre de cet artiste argentin. Ses travaux développent des visions utopiques sous forme de sphères qui colonisent l’espace, dans un grand réseau de fils et filins qui occupent le volume telle une toile d’araignée connectée à la charpente métallique de l’édifice historique. Tomás Saraceno a conçu cette exposition comme un laboratoire urbain, une entité expérimentale, métaphore des univers utopistes de biosphères et dirigeables. À l’image de bulles de savon, une vingtaine de sphères en plastique translucide iridescent, de diamètre variable sont suspendues dans une scénographie arachnéenne insolite et accueillent un public curieux de tenter ces aventures spatiales inédites.
Si certaines bulles sont plantées tels des jardins en apesanteur, dans d’autres, le visiteur est invité à expérimenter une relation nouvelle au monde. En pénétrant dans les sphères translucides, en progressant sur des sols souples comme des trampolines, il accomplit dans une sorte d’apesanteur, le rêve ancestral de la marche dans le vide. La relation à l’espace en est totalement modifiée ainsi que celle aux autres, par l’instabilité des bulles qui remet en question l’ordre normal instauré par la gravité. Chaque mouvement de l’un influence la stabilité de l’autre, chaque bulle qui bouge provoque une oscillation des autres.Catherine Séron-Pierre

