Enfant, elle jouait sur les chantiers, grimpait sur les camions, rêvant de diriger un jour l'entreprise paternelle de travaux publics. Jeune fille, elle semblait programmée pour enseigner l'économie. En définitive, l'étudiante marseillaise fit ses premières armes dans l'urbanisme réglementaire. Aujourd'hui, Anne-Marie Charvet pilote la communauté urbaine de Marseille-Provence-Métropole (MTM). « Ma vie professionnelle, indique-t-elle, est jalonnée de coups de chance et de brutales remises en question. »
Une carrière qui débute en Avignon en 1980. Jean-Pierre Roux, élu maire, remarque cette fonctionnaire de la DDE au caractère bien trempé et d'une force de travail qui paraît inépuisable. Anne-Marie Charvet intègre son cabinet, prenant en charge les opérations d'urbanisme, l'activité des SEM, les négociations financières avec le conseil régional et les banques. « C'est à cette époque que j'ai appris mon métier », se souvient-elle. Elle s'immerge notamment dans la galaxie audiovisuelle et garde le souvenir de l'aventure de Canal A, l'une des premières télévisions locales. « De la production à l'habillage de l'antenne, en passant par les financements, j'ai tout créé. Lorsque j'ai quitté Avignon, Canal A faisait des bénéfices », lance-t-elle fièrement.
Après cette expérience, Anne-Marie dirige une SEM d'aménagement à Toulon. C'est là que Jean-Claude Gaudin, président de la région, la découvre. Il en fera sa directrice des lycées. A ce poste, elle gagne le surnom de « dame de fer » et une réputation de maître d'ouvrage rigoureux, autoritaire et efficace. En cinq ans, sous son action, des dizaines d'établissements sortent de terre et sont réhabilités.
Lorsque Jean-Claude Gaudin devient maire de Marseille, il la nomme à la tête des services de la région. Elle y fera un sans-faute. Lorsqu'arrive Michel Vauzelle à la mairie, Anne-Marie Charvet s'efface et intègre la balbutiante communauté de communes de Marseille-Provence-Métropole.
Jean-Claude Gaudin lui promet des jours meilleurs, et la charge « d'explorer toutes les possibilités de la loi Chevènement ». Devenue l'une des plus fines spécialistes françaises de l'intercommunalité, cette passionnée de musique, de randonnée et d'oenologie dessinera les contours de la communauté urbaine. Aujourd'hui, elle dirige 3 500 fonctionnaires au sein d'une administration dotée d'un budget de 620 millions d'euros (4,06 milliards de francs). Un outil à la mesure de sa passion de bâtir.
La carriere d'une femme de l'ombre
1975 : DESS d'économie et d'aménagement du territoire.
1976 : mission à la direction du personnel du ministère de l'Equipement.
1981 : détachement à la DDE du Vaucluse.
1983 : cabinet du maire d'Avignon.
1990 : directrice de la Semtad, à Toulon.
1991 : directrice des lycées au conseil régional Paca.
1995 : directrice des services au conseil régional Paca.
1998 : secrétaire générale de la communauté de communes Marseille-Provence-Métropole.
2000 : secrétaire générale de la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole.