Après la réhabilitation en 2001 de la gare Saint-Laud, Angers poursuit la transformation de son quartier de gare, cette fois au sud du faisceau ferroviaire. Sur une friche industrielle de 6 ha, en surplomb d’une plaine des sports et du lac du Maine, la reconquête s’annonce économique et urbaine. En 2010, les premiers îlots d’un quartier d’affaires comprenant 50 000 m2 de bureaux et un hôtel 3 étoiles, devraient être réalisés. « Ce projet d’intérêt communautaire, combiné à ceux du quartier de Saint-Serge et du plateau des Capucins, permettra de constituer une offre immobilière d’environ 10 000 m2 de bureaux/an », explique Monique Pirotais, adjointe au maire d’Angers chargée de l’urbanisme.
Point fort du site retenu : sa bonne desserte en transports collectifs. Proche du centre-ville et de la future ligne de tramway (prévue pour 2010), il peut être relié au pôle d’échanges de la gare Saint-Laud, à quelques centaines de mètres.
Mais l’intérêt du projet, sa complexité aussi, est de ne pas s’en tenir à une « bulle » tertiaire, fût-elle bien desservie. Ainsi, aux surfaces tertiaires et hôtelières s’ajouteront 220 logements, 4 500 m2 de commerces, une crèche et une pépinière d’artistes. Un morceau de ville dont la composition a été précisée en 2007 par l’agence Nicolas Michelin et associés (Anma). « Ce projet comporte deux enjeux forts : implanter un pôle tertiaire qui n’aseptise pas le quartier ; et mettre en œuvre sur 6 ha une forte diversité de programmation et d’usages », explique l’urbaniste.
Façade crénelée. A la première question, l’étude urbaine répond d’abord par la qualité des espaces publics. A partir d’une trame reprenant et prolongeant les voies existantes, le quartier s’articulera autour d’un petit parc central. Support des mobilités douces, il irriguera le quartier et fera la soudure avec les fonds de parcelles arborés des habitations de la rue voisine. L’identité végétale du site se poursuivra en cœur d’îlots (jardins privatifs, toitures-terrasses) et le long des voies ferrées, où la rue Fulton, prolongée vers l’est, sera traitée en promenade plantée.
L’intégration urbaine des constructions évitera aussi la banalisation du pôle tertiaire. Au contact du tissu existant, une échelle basse (de R 2 à R 4) est préconisée. Mais, au bord des voies ferrées, les immeubles de bureaux pourront atteindre huit étages. Composant une façade crénelée sur le fuseau ferroviaire, les constructions les plus hautes, visibles de la RN23, contribueront à l’identité du site et éviteront un « effet barrière » par rapport au centre-ville.
A l’exigence architecturale s’ajoute une autre contrainte, liée à la programmation de bureaux, de logements, de commerces et d’équipements sur un même site. Les urbanistes proposent de décliner cette mixité à l’échelle de l’îlot. Ainsi, les activités économiques se développeront en façade sur le fuseau ferroviaire, les logements intermédiaires étant ouverts sur le parc et le tissu existant. Les logements collectifs, en tête d’îlots, construiront la transition vers les gabarits des immeubles de bureaux. Le stationnement automobile sera partagé à l’échelle de l’îlot, via des parkings semi-enterrés, logés sous les bâtiments tertiaires. En revanche, les circulations seront strictement définies : accès aux bureaux par la seule rue Fulton, entrées des logements depuis le parc… Préservant la fonction résidentielle du cœur de quartier, ces itinéraires différenciés répondront aussi aux flux générés par le pôle tertiaire.

