Lire dans un cocon de bois et de chanvre. Pour la conception de sa future médiathèque, qui devrait être livrée au printemps 2023 dans le quartier amiénois d'Etouvie, Amiens Métropole expérimente avec Béal & Blanckaert Architectes la construction d'un bâtiment frugal pilote avec ventilation naturelle, puits canadien et matériaux biosourcés. Les 915 m2 SP accueilleront aussi une salle d'action culturelle et un point information jeunesse.
« En phase concours, notre proposition écoresponsable a séduit la maîtrise d'ouvrage, se remémore Florine Wallyn, architecte. Nous travaillons vraiment tous de concert, notamment avec les bureaux d'études Ingébois, Axoé, Symoé, Venathec et Gérald Villette, et avons orienté nos choix pour limiter la consommation d'énergie et l'impact carbone, y compris lors de la construction, avec des matériaux locaux et recyclables. »
Béton de chanvre projeté. Seule la dalle basse est en béton, avec une super structure en bois (160 m3 utilisés). Si les menuiseries sont en chêne, la structure, qui devait être en peuplier, a cependant dû être remplacée par de l'épicéa. En cause ? Des soucis d'approvisionnement liés à une demande élevée, et ce, malgré une forte anticipation. L'isolation est réalisée avec du béton de chanvre projeté. Grâce à une conception bio climatique et une enveloppe performante, la consommation d'énergie liée au chauffage sera d'environ 77 kWh/m². an. Le recours à un puits climatique permettra par ailleurs d'insuffler un air intérieur à 13 °C, limitant ainsi le recours aux calories qui seront fournies par la chaufferie biomasse communautaire.
Dans une logique plus low-tech, exit les ventilations double flux, avec, par exemple, trois cheminées également pensées comme de véritables marqueurs architecturaux, qui assureront une ventilation naturelle. « Simples, les systèmes de chauffage et de rafraîchissement choisis assureront un confort optimum, nécessiteront une maintenance minimale et offriront une maîtrise des coûts de construction et d'exploitation », souligne l'architecte.
Portiques en bois. Pour garantir une flexibilité des cloisonnements, la solution de portiques en bois a été retenue. L'absence de poteaux a ainsi permis l'installation de « micro- architectures », des cabanes démontables pouvant accueillir diverses fonctions. Pour articuler ces dernières, trois bâtiments se déploient autour d'un jardin de lecture. Ils reprennent les codes architecturaux des halles, un archétype revisité avec des lignes de faîtage désaxées.
L'agence d'architecture lilloise s'est également vu confier le lot de conception du mobilier. Là encore, la mixité des usages est de mise. En pied de façades, de longs caissons abritant les gaines techniques se transforment en plan de travail donnant sur l'extérieur. Pour la construction de cet équipement d'un budget travaux de 2,35 M€ HT, le gros œuvre a été confié à l'entreprise Hubert Callec, le lot charpente bois à AMbois, la couverture à Delamotte-Rameau, le béton de chanvre et enduits à Pi-Œuvre et les menuiseries extérieures bois à Tailly.