Il a fallu quatre ans de gestation avant de démarrer le premier chantier, le temps pour la ville d'acquérir des milliers de parcelles, d'adapter le projet au PLU d'Amiens et de négocier autour du paradoxe suivant : bâtir dense sans en donner l'impression.
La ZAC Paul-Claudel comptera, à terme, 550 logements en 2007, réalisés en trois tranches. Quatre premiers promoteurs doivent livrer en 2005, 105 logements collectifs, 50 pavillons et 22 maisons en bande. Dans la seconde phase, la mairie souhaite attirer des bailleurs sociaux avec de l'accession. Le projet, conçu par l'architecte italien Massimiliano Fuksas, repose sur son volet paysager. La frange boisée très dense qui sert de transition avec les maisons alentour crée une clairière agréable à vivre. Les terrains à construire sont articulés autour d'une promenade de 5 m de large sur 700 m de long. Véritable colonne vertébrale de la ZAC, la noue délimite des quartiers irrigués par des rues plantées d'arbres et de buissons adultes. La hiérarchie des voies apparaît avec la variété des essences. « Le quartier s'inspire de l'esprit HQE, assure Jean-François Caux, qui suit l'opération à la Sem Amiens-Aménagement. Les eaux de pluie des trottoirs et des parkings sont collectées avant d'être évacuées vers un séparateur puis vers la noue longeant la promenade. Chaque parcelle doit infiltrer ses eaux pluviales.» En bas de la ZAC, un bassin d'infiltration paysagé est calé sur les crues centennales. Utile à la gestion de l'eau, la noue joue un rôle d'agrément, de lieu de promenade à pied et à vélo. Voitures et passants la traversent à gué et sur de légers ponts de bois. « Nous avons maintenu tous les arbres existants et ménagé des perspectives sur la ville basse et la cathédrale gothique », précise David Hingamp, chargé du projet à l'agence Fuksas. Les achats fonciers se sont multipliés, il a fallu démonter les bâtiments du poney-club, une station-service, des entrepôts. Mais aussi négocier sur la densité du bâti et l'obligation des plantations préalables. Les parcelles limitrophes sont plus profondes de 15 %, l'écran sonore est assuré par un boisement serré entre des maisons distantes de 50 m.« Il fallait prouver aux habitants qu'ils garderaient leur intimité. » La mairie tenait à diversifier l'architecture en multipliant les maîtres d'ouvrage, Massimiliano Fuksas visant l'ensemble des projets. Il a imposé des travaux de voirie et de fluides d'une seule traite, avant de lotir. « Il est très attentif aux clôtures, demande beaucoup d'esquisses successives pour vérifier l'esprit, les gabarits, le recul par rapport à la rue, la dissimulation des parkings », estime Bertrand Matthieu, architecte (agence Arval). «Une fois qu'on a intégré les principes de base du paysagement, le dialogue s'installe pour caler le projet. Fuksas a pris un pari intéressant : coordonner l'action privée et le domaine public et soigner les franges entre les deux ; par exemple le muret technique en béton qui regroupe les réseaux doit disparaître sous la végétation. Le quartier Paul-Claudel se situe dans la lignée des constructions amiénoises, souvent en front de rue avec des jardins arrières en lamelles.»
Mais les acteurs du projet s'interrogent tous sur le même point : comment un quartier de plus de cinq cents logements va-t-il vivre sans aucun équipement public ? S'ils sont vaguement envisagés, personne ne les a définis ni positionnés sur le plan d'aménagement.
Fiche technique :
Maîtrise d'ouvrage : ville d'Amiens.
Aménageur : SEM Amiens-Aménagement.
Maîtrise d'oeuvre : Massimiliano Fuksas, architecte en chef de la ZAC ; OTH, mandataire VRD ; paysagiste : Florence Mercier.
Superficie : 42 hectares. 45 % des espaces publics traités en espaces verts et plantations ; 20 % du budget consacré au traitement paysager.
Coût : 14,5 millions d'euros.
Calendrier : lancement des études en 1999 ; voiries achevées en mai 2004, achèvement probable en 2007.
Attributions de la 1re tranche : Sodearif/ Alain Farel (Paris), GeorgesV/ Pierre-Louis Carlier (Lille), Investimo/Duez (Amiens), Unilova Cilova/Arval (Crépy-en-Valois).
ILLUSTRATIONS :
A gauche et à droite, photos aériennes et plan d'ensemble montrant les franges boisées très denses entourant les «Clairières» à construire.
Ci-dessous, perspective sur la promenade et la noue qui traversent le site et sur les jardins en lanières qui prolongent les habitations.
Vue depuis la promenade des Hayettes
Vue depuisl'espace boisé