Au lendemain de son élection à la présidence d’Amiens-Métropole, le 10 avril, le nouveau maire d’Amiens, Gilles Demailly a dévoilé sa méthode. Il entend, avant tout lancement de projet, consulter les usagers, citoyens, salariés et associations : « Chaque mois, un conseil de proximité, animé par la majorité et l’opposition, débattra d’un dossier. » Les habitants pourront proposer leurs propres experts, pour s’affranchir des services municipaux « qui ont imposé leur vision des aménagements ». Les études sont remises en cause sur tous les investissements prévus pour 2008 et 2009. La consultation permettra de présenter des projets pour 2010. « Sans dépenser un euro avant d’être certains des objectifs, nous allons recaler les investissements pour éviter d’assécher les ressources municipales », ajoute-t-il.
Les priorités annoncées lors de la campagne étant le logement et les transports, Gilles Demailly entame une réflexion sur l’habitat collectif, la démolition des barres, les modes de densification d’une ville « aussi étendue que Lyon, mais peuplée de seulement 120 000 habitants ». Si l’analyse du plan local de l’habitat (PLH) est partagée, les conclusions diffèrent. « Il faut imposer la mixité dans tous les programmes publics et privés et renégocier avec l’Anru. » Une renégociation facilitée par l’homogénéité politique des collectivités. La mairie compte sur le conseil régional pour l’appui de l’établissement public foncier et sur les aides au montage d’opérations. Le conseil général pourrait faciliter la tâche en engageant une alliance des bailleurs sociaux.
Côté transports, « il faudra trois ans pour restructurer les transports en commun. Selon la manière dont nous aurons repensé la ville, choisi les axes structurants, les types de logement et rééquilibré les quartiers, nous nous déciderons sur un tramway, un tram-tram ou autre chose. Rien n’est arrêté. Mais nous allons revoir les lignes de bus, rouvrir des haltes ferroviaires et des voies ferrées pour desservir le Grand Amiénois ».
Renégocier la tour
La verrière conçue par Claude Vasconi place de la gare, « ce symbole d’une décision personnelle bloque la circulation des bus, mais il faudra la garder encore un peu, car sa démolition serait chère », ajoute le maire. Même discours pour les résidences décriées au pied de la cathédrale. L’ordre du jour des prochains conseils reflète cette politique. Le maire demande l’arrêt des projets pavillonnaires dans l’agglomération et une négociation avec Palm Promotion pour stopper ou déplacer le projet de tour conçue par Paul Chemetov au bord du fleuve (le permis est accordé, le terrain cédé). Idem pour le parking Jules-Verne (appels d’offres signés). La liste n’est pas close... Les outils d’aménagement évolueront, même si l’avenir de la SEM Amiens Aménagement n’est pas tranché. Un retour aux politiques de régies et de syndicats mixtes par opération est envisagé.
