Amiante : du matériau miracle au poison

L'amiante, un matériau miracle qui a tourné au cauchemar, a été utilisée massivement dans l'industrie et le bâtiment pendant des décennies avant son interdiction en 1996.

Très bon isolant, résistant au feu, l'amiante a été très utilisée jusque dans les années 90 dans la construction et de nombreux secteurs de l'industrie. Les cristaux de ce minéral étaient tissés en fibres, incorporées dans des matériaux comme le ciment. Lorsque ces matériaux se délitent, les cristaux risquent d'être inhalés.

Les plus gros consommateurs d'amiante ont été le bâtiment et les industries lourdes, mais ce minéral s'est retrouvé également dans des milliers d'objets de la vie quotidienne (joints, grille-pain, plaquettes de frein...).

Les métiers à risques sont notamment les travailleurs des chantiers navals, marins, cheminots, métallos, dockers, mineurs, mécaniciens automobiles et garagistes, plombiers, électriciens et charpentiers ...

L'amiante, un risque sanitaire important

Elle cause quelque 3.000 décès par an en France et pourrait faire 100.000 morts d'ici 2025, selon les prévisions les plus pessimistes de santé publique.

Les effets néfastes de son inhalation (fibroses pulmonaires, asbestoses) sont connus depuis le début du siècle dernier et son caractère cancérigène depuis les années 50.

Les cancers qu'elle provoque (poumon et plèvre essentiellement) se manifestent en général longtemps après l'exposition, jusqu'à 30 à 40 ans après. Le risque de cancer du poumon est multiplié par deux par l'amiante, selon un spécialiste, le Pr Marcel Golberg.

Le désamiantage, une procédure complexe et coûteuse

Le processus de désamiantage d'une zone telle que le campus de Jussieu à Paris se fait en plusieurs étapes et nécessite des mesures de sécurité comparables aux installations nucléaires.

Il s'agit d'abord de déménager et dépoussiérer les matériels présents dans les locaux, de retirer portes et cloisons et de confiner la zone.

Il faut ensuite déposer les faux plafonds ou les placards techniques afin d'accéder à l'amiante, enlevée à la main après avoir été humidifiée pour éviter les émissions de poussières.

Les opérateurs portent une combinaison spéciale, un masque, proche d'un scaphandre, dans lequel ils respirent de l'air artificiel traité et contrôlé régulièrement.

Pour une barre du campus de Jussieu, soit entre 500 et 900 m2, 80 tonnes d'amiante sont évacuées, ainsi que 80 tonnes de déchets ayant été en contact avec l'amiante et autant de déchets courants. Tous seront lavés, et certains devront être retraités.

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