Développeur de réseaux de chaleur urbains (RCU), l'ensemble formé par R-CUA (Alsace) et R-CUE (Est) recueille les fruits de son positionnement pionnier sur ce créneau en vogue, en capitalisant sur son identité régionale. Basées à Strasbourg (Bas-Rhin), ces deux sociétés sont des filiales du distributeur de gaz bas-rhi-nois R-GDS et de l'énergéticien suisse Primeo (région de Bâle). Elles comptent 14 personnes au sein de leur bureau d'études pour un effectif total de 60 collaborateurs. « Une proportion exceptionnelle », souligne le directeur général, Hervé Lamorlette.
« Nous concentrons pour l'heure nos investissements dans les agglomérations alsaciennes, pour un montant de quelque 200 M€ dans les cinq ans », précise le dirigeant. Au début de l'été, R-CUA a livré les deux tiers des 14,5 km du réseau de chaleur de l'agglomération de Mulhouse (Haut-Rhin) de 24,7 M€ au final. Ce circuit est alimenté à 75 % par l'énergie venant des déchets de l'usine locale d'incinération, et qui est redistribuée par la nouvelle chaufferie de Rixheim (architectes : Braesch & Bottazzi).
Un peu plus au sud, à Saint-Louis, R-CUE injecte 30 M€ dans deux projets : d'une part l'extension de 3,5 km, en voie d'achèvement, depuis la chaufferie biomasse existante vers l'aéroport de Bâle-Mulhouse ; et d'autre part, la construction en 2024-2025 d'une centrale à base de bois récupéré (14 MW, 15 000 t/an) sur la plateforme aéroportuaire franco-suisse. Celle-ci est appelée à devenir sa principale source d'énergie, en substitution au gaz.
Strasbourg accueillera plusieurs autres investissements. Ainsi, 30 M€ se répartissent entre les développements de deux réseaux, celui du Wacken et celui du Port autonome de Strasbourg (PAS). Ce dernier applique une logique d'économe circulaire : la chaleur fatale en excédent du papetier Blue Paper approvisionne des industriels voisins, à commencer par les Moulins Advens et la malterie SMA, en attendant d'autres raccordements prochains qui justifieront de nouveaux kilomètres de canalisations.
Entreprises désignées pour Esplanade-Elsau. Par ailleurs, l'opérateur engage son plus gros dossier : le doublement à 70 km du réseau strasbourgeois Esplanade-Elsau pour alimenter 41 000 équivalents logement à plus de 80 % par les énergies renouvelables. Lauréat de la nouvelle délégation de service public à partir du 1er octobre, R-CUA la mettra en œuvre via une Semop avec l'Eurométropole (34 %) et la Banque des territoires (15 %). L'investissement s'élève à environ 100 M€. Son dimensionnement précis dépendra de l'intégration ou non, fin 2025, de la chaleur fatale de l'aciérie allemande de Kehl grâce à une conduite de 5 km sous le Rhin (25 M€ de travaux pris en charge par une autre SEM). Si cette option privilégiée était abandonnée, il faudra construire une centrale biomasse de 27 000 t/an.
La décision sera prise d'ici à septembre 2023. Sans attendre, les études démarrent, pour des travaux de cinq ans à partir de début 2023 : VRD, pose de canalisations… Ceux-ci sont déjà attribués au duo formé par Lingenheld et GNT Industrie et Maintenance, avec Lollier Ingénierie comme maître d'œuvre : « Nous avons choisi de présenter notre offre avec un groupement, dont les membres ont été associés à l'amont du dossier », souligne Hervé Lamorlette.