Vous placez le développement durable au cœur de votre stratégie. Cela signifie-t-il que l’économie n’est plus la priorité de l’agglomération ?
Le développement durable n’est ni un gadget ni un élément d’accompagnement du libéralisme. Je conçois cette démarche comme un nouveau mode d’aménagement du territoire qui associe – dans cet ordre – progrès social, efficacité économique et excellence environnementale. Toute l’action de l’agglomération doit être lue à travers ce prisme. Cela signifie, par exemple, que nous aménageons de nouvelles zones d’activité sans consommer inutilement de l’espace, en préférant systématiquement la requalification de friches industrielles ou agricoles à une extension foncière mal maîtrisée. De même, lorsque nous lançons la requalification du siège de l’agglomération, nous plaçons les performances énergétiques du bâtiment au cœur du cahier des charges. Quand nous projetons de construire un nouveau lycée à La Bouilladisse, nous veillons à ce que l’établissement soit connecté au réseau de transports en site propre. En clair, le Pays d’Aubagne et de l’Etoile refuse de s’engager dans tout mode de développement qui ne respecterait pas les hommes et la nature.
La question des déplacements figure également parmi vos priorités. Quelles seront les opérations les plus significatives ?
Nous lançons deux projets de TCSP. L’un sur l’axe est-ouest, entre la Penne-sur-Huveaune et la zone des Paluds. L’autre sur l’axe nord-sud, en réutilisant l’emprise de l’ancienne voie ferrée de Valbonne. Ces chantiers d’infrastructure arrivent à maturité au moment où nous engageons la gratuité totale des transports sur l’ensemble de notre réseau. Dès le second semestre, ce principe de gratuité sera effectif. Il permettra de doubler la fréquentation de nos lignes, pour atteindre 4,4 millions de voyageurs dans trois ou quatre ans. Ces grands projets de développement des transports collectifs s’accompagnent d’une politique très active en faveur des modes de déplacements doux. Le prêt de vélos, la construction de pistes cyclables ou les actions pédagogiques en faveur de la marche à pied sont autant d’actions qui contribuent à desserrer l’emprise de l’automobile sur notre territoire.
Quels sont les autres grands chantiers de l’agglomération ?
En matière d’habitat, je souhaite freiner le mitage et l’urbanisation basée sur la maison individuelle. Il s’agit de donner un coup d’accélérateur au logement locatif pour répondre à la forte demande de la population. Au cours des six prochaines années, nous construirons 1 200 logements à Aubagne et 600 dans les autres communes. Ces projets s’inscriront, pour la plupart, dans le cadre de la création d’écoquartiers à Cuges-les-Pins, Peypin, La Bouilladisse et à Aubagne, sur la friche Rousselot et sur l’îlot des Gargues.
Notre action porte également sur le développement économique avec une extension de 17 ha de la zone des Paluds et une requalification de son périmètre actuel. Un parc tertiaire de 14 ha et 30 000 m2 de bâti sera créé sur la zone de Camp Major. Enfin, nous voulons réaliser une unité de traitement des ordures ménagères basée sur le tri et le compostage. Sur ce dossier, nous tendons la main à la communauté urbaine de Marseille pour gérer intelligemment les déchets de l’Est marseillais.
La proximité d’une métropole d’un million d’habitants n’est-elle pas un frein au développement de l’agglomération ?
L’histoire montre que l’aire métropolitaine marseillaise a toujours été multipolaire. Nous respectons tous les territoires voisins, mais nous exigeons en retour que l’on respecte l’identité d’un espace où vivent 100 000 personnes. Cela n’a rien d’incompatible avec la mise en œuvre de coopérations avec les autres intercommunalités, le département ou la région. La prochaine création d’un syndicat mixte des transports à l’échelle du département est un bon exemple de travail en commun sur les dossiers d’intérêt général.
