La vague de privatisations des services urbains y est sans doute pour beaucoup. Appuyées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, elles sont souvent présentées, là comme ailleurs, comme la solution pour pallier les faiblesses de gestion du secteur public et développer les infrastructures sans peser sur les finances publiques. Dans le secteur de l'eau, cet intérêt s'est vérifié lors du IXe congrès de l'Union africaine des distributeurs d'eau (UADE) qui s'est déroulé au Maroc la semaine dernière. La moitié des populations n'a pas l'eau potable et les deux tiers ne sont raccordées à aucun réseau d'assainissement. Pour gérer cette composante essentielle du développement qu'est l'eau, les majors français proposent des formules (affermage, concession, etc.) qui permettent de ne privatiser que la gestion du service et non les actifs. Ce principe a déjà fait école. Une présence renforcée des majorsSaur International, la filiale de Saur (groupe Bouygues), est le groupe français le mieux implanté en Afrique : il gère l'eau et l'électricité (avec EDF) en Côte d'Ivoire, en Guinée et au Mali, ainsi que l'eau au Sénégal et en Centrafrique. La Générale des eaux y travaille surtout via Sogea et Satom (du groupe SGE), OTV et Sade, mais vient de remporter son premier contrat majeur avec la concession de l'eau et l'électricité au Gabon pour vingt ans (5 milliards de francs d'investissements pour la modernisation et l'extension de la production, du transport et de la distribution). Degrémont, la filiale « traitement de l'eau » de Suez-Lyonnaise des eaux, réalise 66 % de son chiffre d'affaires, qui s'élève à 5,5 milliards de francs, à l'international, dont 4% en Afrique (Mali, Maroc, Congo, Botswana, Maurice).Précision Moniteur du 6/3/98 p.33 Sa maison-mère, Suez-Lyonnaise des eaux, numéro un mondial dans les métiers de l'eau, ne dessert que 4,7 millions de personnes en Afrique (essentiellement au Maroc et en Afrique du Sud, contre 70 millions dans le monde). Mais le groupe, pour poursuivre son développement à l'international et diversifier ses risques, compte s'y renforcer. Le contrat de Casablanca (voir encadré) en est une illustration récente et pourrait trouver des prolongements dans d'autres villes (Agadir, Tanger...). Les majors français sont donc sur les rangs pour les nombreux projets à venir : la privatisation de l'électricité au Togo, de l'eau au Niger et au Cameroun, de l'eau et l'énergie au Tchad et en Guinée-Bissau. Des contrats qui exigent des négociations de longue haleine, car, comme le souligne Gérard Payen, directeur du pôle « eau » de Suez-Lyonnaise des eaux, « il faut vendre deux fois : d'abord le concept, ensuite la maison ». Et les Français ne sont plus seuls : les Anglais et les Espagnols, par exemple, sont présents sur tous les appels d'offres, à l'instar du contrat de Rabat obtenu par l'espagnol Dragados. Pour aborder les pays anglophones, Saur International, tout comme Suez-Lyonnaise des eaux, ont déjà renforcé leurs positions en Afrique du Sud. Les besoins y sont énormes : ils sont évalués à 128 milliards de francs pour une population très urbanisée de près de 45 millions de personnes, mais aussi dans les autres pays car la population ayant accès à l'eau potable ne dépasse pas souvent les 50 %. De grands travaux sont en cours ou prévus - Lesotho (« Le Moniteur » du 6 février 1998 p. 26), le Zimbabwe, la Zambie, etc. - ainsi que des petits projets d'adduction rurale. Les marchés de demainDe nouvelles opportunités pourraient en outre voir le jour en matière de délégation de l'eau au Mozambique, Tanzanie, Ghana, Ouganda et Kenya. L'appel au privé est plus lent que dans le reste du continent, mais la question mûrit. Elle a été centrale lors du IXe congrès de l'UADE. Babakar Dieng, le président du conseil scientifique de l'UADE, a souligné que la participation du secteur privé n'était pas une fin en soi, ni la seule solution. Mais les avantages de la formule ne sont plus à démontrer. Les entreprises s'attachent donc à s'adapter au plus près des besoins de leurs clients. Car, au-delà de l'eau, le traitement des déchets et le recyclage de l'eau seront les marchés de demain. LES CHIFFRES D'AFFAIRES DES FRANCAIS EN AFRIQUESaur International :2,923 milliards de francs. Générale des eaux :2,17 milliards de francs (323 millions pour l'eau), sur un chiffre d'affaires international de 51 milliards en1996. Suez-Lyonnaise des eaux (sans Degrémont) :3 milliards de francs environ sur un chiffre d'affaires international de près de 15 milliards dans l'eau en 1997. PHOTO : Station de traitement des eaux de la Lyonnaise des eaux à Sidi Saïd Mâachou, au Maroc.
Afrique Le retour des groupes français dans le secteur de l'eau
-A l'heure où l'international est devenu un pôle essentiel d'activité pour les groupes français, l'Afrique fait l'objet d'un regain d'intérêt.
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Date de réponse 13/10/2025